L’offre commerciale ne répond pas à la demande à Lévis

Par | 5 août 2010 |

Article de Isabelle Mathieu. Le Soleil.

Qu’est-ce qui manque à Lévis et qui pousse ses résidants à aller faire leurs emplettes sur la Rive-Nord ? Un Toys « R » Us, un Future Shop, un Sephora, un Archambault, par exemple. Sans oublier un vrai marché public et des restaurants haut de gamme.

Lévis a beau être devenue une grande ville de 137 000 habitants et la métropole de Chaudière-Appalaches, son potentiel commercial est encore sous-exploité. Dans plusieurs domaines, l’offre ne répond pas à la demande, selon une analyse de la fonction commerciale de Lévis, un document que les élus municipaux étaient réticents à dévoiler et que Le Soleil a finalement obtenu grâce à la Loi sur l’accès à l’information.

Cette analyse des firmes Demarcom et Convercité, remise à la Ville en début d’année, met en lumière plusieurs « fuites commerciales », un terme qui désigne les dépenses des consommateurs qui ne semblent pas satisfaits localement.

L’étude identifie plusieurs créneaux, notamment le secteur du vêtement, les équipements pour la maison, la librairie combinant livres et musique.

« Si l’essentiel des fuites commerciales est de nature récupérable, cette récupération sera davantage possible si les implantations sont massives », écrivent les auteurs de l’étude. « En d’autres termes, il faudra un projet mobilisateur pour con­vaincre les chaînes commerciales d’y adhérer. »

Le potentiel de développement le plus fort se trouve dans le vaste secteur à la tête des ponts Laporte et de Québec, dans l’arrondissement des Chutes-de-la-Chaudière. Le potentiel commercial y serait d’environ 250 millions $, contre 50 millions $ dans l’arrondissement Desjardins, l’ex-Lévis.

Les analystes y vont de plusieurs suggestions pour ce pôle majeur : un magasin de cosmétiques de type Sephora, un magasin d’articles de sport comme Altitude, un magasin de jouets comme Toys « R » Us, une librairie de type Archambault.

Pour la Ville de Lévis, ce n’est pas un enjeu de bannières, indique Philippe Meurant, directeur du développement économique. « Nous voulons combler les besoins que nous avons. Tous ceux qui peuvent le faire sont les bienvenus. »

Manque de restaurants plus haut de gamme
L’analyse pointe aussi le fait qu’il y a un manque de restaurants dit « à service complet », plus haut de gamme. Bref, trop de McDo et pas assez d’Intimiste, un restaurant bien coté de l’avenue Bégin, dans le Vieux-Lévis.

Là aussi, l’étude suggère de regrouper quatre ou cinq restaurants dans le pôle à la tête des ponts pour attirer davantage. Peut-être selon une formule comme le Campanile à Québec, suggère Philippe Meurant. « C’est une rue d’atmosphère, très agréable, juge-t-il. On est capable d’avoir des choses intéressantes sans mettre les gens pignon sur rue dans un stationnement. »

L’analyse démontre que, autant dans l’arrondissement Desjardins que dans celui des Chutes-de-la-Chaudière, il y a une demande alimentaire non comblée. Des épiceries pourraient donc s’agrandir et un marché public de bonne taille serait pertinent, soumet l’étude.

« Ça ne nous surprend pas, car il y a plusieurs nouveaux quartiers qui ont poussé, créant plus de demande pour les épiceries », indique M. Meurant.

Pas de cannibalisation
La Ville de Lévis fait le pari de développer ses deux pôles majeurs de la tête des ponts et de Miscéo dans Desjardins (près du centre des congrès) sans cannibaliser ses quartiers historiques.

« On veut éviter de multiplier les commerces d’envergure en dehors des pôles, assure Philippe Meurant. Et surtout, on veut s’assurer qu’il y ait toujours une bonne distance entre ces grandes surfaces et nos vieux quartiers. » Elle a d’ailleurs fait faire une seconde étude pour les quatre quartiers marchands du Vieux-Lévis, Vieux-Charny, Vieux-Saint-Romuald et du village de Saint-Nicolas afin de leur fournir des pistes de revitalisation.

Le défi est de taille, souligne Christian Labbé, chargé de projet pour Corporation Charny Revit. « On a énormément de locaux vacants depuis que beaucoup de commerces se sont déplacés vers la tête des ponts, raconte M. Labbé. Même la SAQ est partie du petit centre commercial pour aller dans le power center. »

La Corporation travaille fort à recruter des commerces de proximité, comme des boulangeries, des cafés. « Autant à Charny que dans les autres quartiers, ce serait illogique de lutter contre les grandes surfaces », juge Christian Labbé.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Catégorie(s) : Commerce - Économie

À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

Un commentaire sur “L’offre commerciale ne répond pas à la demande à Lévis

  1. Carol

    Wow la photo est hallucinante, on dirait que Kennedy donne directement dans la cour du château Frontenac

    Répondre

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