Des sols contaminés en hydrocarbures

Par | 6 octobre 2009 |

Source : Journal de Lévis

Maux de têtes, vomissements et résidences évacuées. La cause : des odeurs d’hydrocarbures. C’est ce avec quoi vivent des résidents qui habitent le quartier faisant face à l’Hôtel-Dieu de Lévis. Connue depuis plus de 10 ans, la situation perdure. Les soupçons pèsent contre une station d’essence abandonnée. Les sols seraient plus contaminés que jamais.

En avril dernier, le Journal de Lévis rapportait qu’à la suite de plaintes concernant des odeurs d’essence, d’étranges cheminées d’aération avaient été installées aux alentours de la station d’essence abandonnée du 160 rue Wolfe. La Ville de Lévis et le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs cherchaient alors toujours à prouver et documenter la source exacte des odeurs.

Après parution de cet article, le Journal de Lévis a obtenu, d’une source dont nous préserverons l’anonymat, copie de nombreux documents officiels faisant état de la problématique de contamination de ce secteur qui, avec le temps, a fait les frais d’une bataille juridique.

Deux études accablantes
Les premières plaintes répertoriées à la Ville de Lévis sont faites en 1995-96 par des résidents des rues Wolfe, Montcalm et de Billy. En 1997, un nombre record de plaintes surgit. Le maire de l’époque estime qu’il est urgent d’agir. La Ville de Lévis mandate alors la firme Inspec-Sol pour produire ce qui est appelé une étude de caractérisation environnementale, dont nous avons obtenu copie en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Le document conclut que « la contamination en essence observée […] ne peut provenir que du poste d’essence Sonerco situé au 160, rue Wolfe. » On peut également lire que « l’eau souterraine, sur le périmètre du poste d’essence, est contaminée non seulement en essence, mais également en diesel et en huile à chauffage. »

La Ville procèdera alors à certains travaux dans les égouts, de sorte que les odeurs cesseront.

En 2008, les odeurs refont surface dans le secteur. Décembre 2008, une deuxième étude, qui a pour but d’actualiser celle de 1997, est commandée par la Ville. On dénotera plus tard « une augmentation générale des concentrations en hydrocarbures pétroliers » dans le secteur étudié. Ce second rapport indique que la Ville de Lévis considère les réseaux d’égouts du secteur de même que le fleuve Saint-Laurent comme étant des « récepteurs potentiels » de l’eau souterraine s’écoulant de la zone contaminée. On maintient qu’il est vraisemblable que la présence des contaminants soit reliée aux activités de la station-service y ayant eu cours depuis plus de vingt ans. Le rapport conclut à la nécessité de décontaminer.

Les derniers exploitants, seuls responsables ?
Selon certains documents, c’est en 1996 que les nouveaux propriétaires du 160 rue Wolfe découvrent que le terrain est pollué. On redoute alors l’existence d’un réservoir d’huiles usées sous le dépanneur, datant de l’époque où il y avait un atelier mécanique. S’en suivra une poursuite pour vice caché, une saga judiciaire mêlée de multiples analyses et interventions de part et d’autres puis une faillite. En 1999, la Ville va dévaluer la bâtisse et le terrain à 200$, un traitement alors familier aux sites contaminés. Sous une autre dénomination d’entreprise, les mêmes personnes impliquées dans l’achat de la station d’essence en 1996 continueront d’opérer la station service en conformité avec les règlements d’usages pour ce type de commerce. Il semblerait qu’il eut été difficile de prouver, or de tout doute raisonnable, que les derniers exploitants puissent être portés seuls responsables d’actes ayant pu être posés par les propriétaires précédents.

Vers une solution durable ?
Dans une lettre envoyée en août dernier aux résidents aux prises avec les problèmes d’odeurs d’essence, la Ville de Lévis rapporte les travaux de ventilation, d’inspection et de nettoyage de certaines conduites réalisés au cours des derniers mois. « Nous vous invitons encore à « noyer » les drains de maison en maintenant une quantité d’eau dans chacun d’eux. Nous suggérons également d’ajouter une petite quantité (une ou deux cuillères) d’huile végétale à l’eau afin d’augmenter l’effet « scellant » de cette mesure. » La Ville conclut sur un bon espoir d’une solution durable et rappelle les numéros d’usages en cas de besoin (service à la clientèle et 911).

Il semblerait que la Ville, de concert avec tous les intervenants au dossier, aurait récemment mis son pied à terre afin d’en arriver à « un plan d’intervention englobant une solution durable et définitive ».


Article de Marc-André Gagnon. Reproduit avec autorisation.

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