Source : Journal de Lévis
Après plusieurs mois de tumulte pour la direction et les travailleurs de Chantiers Davie, étaient publiés, le 14 août dernier, les plus récents et peu reluisants résultats financiers de l’entreprise. Le même jour, le Novégien Steinar Kulen, chef de la direction chez Davie, nous a convié à une rencontre exclusive au chantier maritime : mise au point sur la restructuration financière du chantier et les perspectives d’avenir.
Il y a un an presque jour pour jour, Chantiers Davie avait publié ses états financiers au second trimestre. à ce moment-là, l’entreprise acquise deux ans plus tôt par des Norvégiens affichait une perte nette de 46,1 M$US. Un an plus tard, les plus récents états financiers de Chantiers Davie Inc. affichent une perte nette, tout de même moins importante, de 5,26 M$US. Le document de 23 pages stipule aussi qu’en regard de l’état de la trésorerie, au 30 juin, « il existe une incertitude sérieuse quant à la capacité de la Société à poursuivre son exploitation ».
Ainsi, à partir des résultats obtenus au 30 juin 2009, l’entreprise évalue que sans financement adéquat, les ressources financières pourraient s’avérer une fois de plus insuffisantes d’ici un an. à une mauvaise nouvelle une bonne : le financement attendu a été obtenu le 23 juillet dernier. En effet, Davie a conclu de nouveaux prêts avec Investissement Québec pour un total de 53,5 M$ et obtenu un pré-financement de 40 M$US avec Exportation et Développement Canada (EDC).
Un pari risqué ?
Les nouvelles ententes de financement conclues avec les deux paliers de gouverne-ment ont toutefois l’apparence d’un pari risqué. L’un des prêts avec Québec, qui consiste en des avances sur les crédits d’impôts pour un total de 32,5 M$, précise qu’il est garanti « au moyen de tous les débiteurs actuels et futurs de Davie ».
La deuxième enveloppe de Québec consiste en un prêt de 21 M$, garanti à l’aide de tous les actifs actuels et futurs du chantier. Son remboursement doit commencer en juillet 2010 au rythme de 1 M$ par mois. « C’est normal, répond Steinar Kulen, chef de la direction chez Davie. Ce n’est pas vraiment grave, définitivement, on n’aime pas nécessairement ça mais aujourd’hui, toutes les banques essaient de protéger l’ensemble de leurs prêts au maximum. […] Ça peut sembler beaucoup, mais aussitôt remboursé, ça ne s’appliquera plus. »
Quant à l’aide financière obtenue avec le fédéral (EDC), il s’agit d’un pré-financement de 40 M$US qui permettra à la Davie de poursuivre la construction de deux navires qui doivent être livrés en 2011 à la chypriote Ocean Hotels. Cette dernière doit obtenir, d’ici 3 à 5 mois, un prêt de 100 M$US de EDC. En début d’année, l’absence de pré-financement avait retardé le retour des travailleurs mis à pied.
Un processus positif
Selon M. Kulen, de tels mécanismes de financement publics se trouvent partout en Europe, mais ne l’étaient pas au Canada. Selon lui, la collaboration avec les gouvernements du Canada et du Québec a été excellente. « Ce n’a pas été un processus négatif », insiste M. Kulen.
« Même si ça a pris un peu plus de temps, ce que j’espérais éviter, c’était d’avoir à mettre à pied des travailleurs. Malheureusement, nous avons manqué de liquidités, et nous étions si près de la faillite… Nous sommes de retour en business », conclut-il.