Source: Le Soleil
Les faibles prix du gaz naturel en Amérique du Nord devraient avoir la peau du projet Rabaska, croit le spécialiste des questions énergétiques Jean-Thomas Bernard.
« Dans un avenir de 5 à 10 ans, je ne vois pas comment l’économique pourrait supporter un tel projet », a fait savoir mercredi le professeur d’économie de l’Université Laval Jean-Thomas Bernard au Soleil.
Selon lui, les prix du gaz naturel devraient demeurer très bas en Amérique du Nord au cours des prochaines années en raison de la découverte de nouveaux gisements (shale gas) de ce côté-ci de l’Atlantique (New York, Pennsylvanie et Colombie-Britannique notamment).
Autre perception
Or, les promoteurs de Rabaska, soit Gaz Métro, Gaz de France et Enbridge, font plutôt le pari que le gaz acheté en Europe au géant Gazprom pourra être aussitôt revendu à un prix plus élevé au Canada.
Un scénario financier fort risqué, d’après M. Bernard. «Je ne vois pas comment les promoteurs pourraient faire de l’argent de cette façon», a-t-il dit.
Depuis quelques années, le gaz naturel se vend d’ailleurs beaucoup plus cher en Europe et en Asie qu’en Amérique du Nord. L’an dernier, par exemple, les Européens ont payé en moyenne 12,6 $US pour 1000 pieds cubes de gaz comparativement à 8,85 $US en Amérique du Nord.
Gazprom hésite
La semaine dernière, la direction de Gazprom a d’ailleurs écarté la possibilité d’investir directement dans le projet Rabaska. La faiblesse des prix du gaz naturel en Amérique a incité le géant russe à revoir ses visées expansionnistes au Canada.
Chez Rabaska, on soutient toutefois que le retrait de Gazprom comme partenaire éventuel du projet ne compromet en rien la construction du terminal d’un milliard de dollars à Lévis.
L’investissement de Gazprom dans Rabaska (27 % des parts) se serait surtout traduit par un débours de près de 400 millions $US. Le géant gazier russe aurait payé non seulement pour la construction du terminal, mais aussi pour l’accès au marché américain.
La construction de Rabaska à Lévis est directement liée au développement du champ gazier Shtokman, situé dans la mer de Barents (nord de la Russie).
Gazprom et ses partenaires (Total et StatOilHydro) ont convenu qu’une décision d’affaires dans le projet Shtokman allait être prise quelque part au premier trimestre de 2010.
Article de Pierre Couture. Photo : Patrice Laroche – Le Soleil. Reproduit avec autorisation.