Pleins feux sur Lévis – 24 heures d’activité à Lévis

Par | 24 mai 2009 |

Source: Le Soleil

6h30
Des employés de Chantiers Davie arrivent au travail. Mis à pied en décembre, les quelque 1100 travailleurs ont été rappelés en avril. Puis 500 postes de plus ont été annoncés ces dernières semaines. Ouvre, ferme, ouvre. Le chantier maritime Davie en a vécu des tempêtes depuis sa fondation, en 1825. Des soubresauts qui ponctuent la vie de Lévis. Actuellement en restructuration financière, le chantier avait déjà reçu en décembre un appui du gouvernement fédéral pour soutenir ses activités. Le chantier est en voie de compléter une ronde de financement, qui devrait lui permettre de récolter 20 millions $. Le carnet du constructeur de navires affiche complet jusqu’en 2011. Il doit fabriquer d’ici là cinq navires d’une valeur totale de 741 millions $US.

7h20
La file de voitures s’allonge sur le pont Pierre-Laporte pour entrer à Québec. Piétons et automobilistes embarquent sur le traversier en partance du Vieux-Lévis.

La rétention de la main-d’oeuvre et des étudiants s’avère un défi majeur pour Lévis, alors que sa voisine, Québec, attire une partie de ses résidants. Ils seraient quelque 25 000 à travailler dans la Capitale-Nationale. à l’inverse, environ 8500 habitants de Québec font le chemin inverse. Ce défi de la rétention a même poussé Lévis à lancer une campagne de promotion en janvier, intitulée Je choisis Lévis.

Par ailleurs, selon une étude d’Emploi-Québec et un sondage de la Société de développement de Lévis, près des deux tiers des entreprises mentionnent que le recrutement de personnel compétent et qualifié est la plus grande difficulté en matière de gestion des ressources humaines.

Dans la grande région de Chaudière-Appalaches, près de 34 000 postes seront à combler d’ici 2012.

8h00
Les étudiants arrivent à l’Université du Québec à Rimouski – campus de Lévis, pour leur cours du matin. L’éducation est synonyme de concertation à Lévis, depuis environ un an. Tous les acteurs du monde de l’éducation (universitaire, collégial et secondaire, autant public et privé), ainsi que la Ville de Lévis et d’autres partenaires des secteurs du développement économique, des arts et du transport, se sont unis pour le projet Lévis ville éducative. L’objectif : garder les jeunes Lévisiens sur leur territoire pour leurs études et essayer de leur donner le goût de rester y travailler plutôt que de « s’exiler » dans la capitale. « Et pour ça, il faut évidemment maintenir notre bonne offre de services en éducation, mais il faut aussi améliorer l’offre en loisirs, les services » , fait valoir Alexandra Tremblay, la coordonnatrice du projet. Les priorités actuelles sont donc de trouver des solutions pour améliorer le transport en commun et de mettre sur pied un site Internet rassemblant tous les services disponibles à Lévis.

9h30
Des travailleurs construisent une nouvelle maison dans un quartier en développement du secteur Saint-Romuald.

Selon la Ville de Lévis, la fusion municipale a eu un effet « fort bénéfique sur l’activité économique » , effet qui s’est matérialisé dès 2004. Alors qu’en 2002 et 2003 la valeur des permis de construction résidentiels octroyés était respectivement d’un peu plus de 104 000 000 $ et d’environ 123 000 000 $, elle fait un important bond pour atteindre près de 214 000 000 $. Une hausse exceptionnelle de 74 % comparativement à l’année précédente. Si la valeur des permis résidentiels a un peu diminué depuis, elle reste tout de même au-delà de celle du début des années 2000 (159 000 000 $ en 2008). Toutes catégories con­fondues, des demandes pour démarrer des chantiers ont atteint 285 000 000 $ en 2008.

Lévis est reconnue pour attirer les jeunes familles, qui y achètent leur première maison. Mais les types de constructions et les clientèles se diversifient, remarque Philippe Meurant, le directeur du développement économique pour la Ville. D’ailleurs, densité et mixité sont les mots d’ordre de la Ville, explique M. Meurant. Le secteur n’échappe pas au vieillissement de la population et on voit apparaître des projets d’envergure pour des résidences pour personnes âgées.

D’ici les cinq prochaines années, des projets de 2,7 milliards $ sont dans les cartons, note la Ville. Par contre, Ultramar (projet d’environ 1,5 milliard $) a déjà annoncé qu’elle mettait sur la glace son projet d’agrandissement et de transformation de sa raffinerie de Saint-Romuald en raison du contexte économique et des fluctuations du marché pétrolier. Le coup d’envoi d’un autre gros morceau, le port méthanier Rabaska (environ 870 millions $) n’est pas encore lancé alors qu’il reste encore de nombreux points d’interrogation juridiques et économiques. Parmi les autres projets, notons le quartier Miscéo (secteur du Centre de congrès et d’expositions), 160 millions $, et le complexe Desjardins Sécurité financière, 50 millions $.

11h00
Un camion quitte la raffinerie Jean-Gaulin d’Ultramar. Ils sont plus de 600 par jour à transiter par les installations situées dans le quartier Saint-Romuald.

12h30
Gens d’affaires et travailleurs de tous âges cassent la croûte au restaurant Le Cosmos. Au Centre de congrès et d’expositions qui y est adjacent, les congressistes font eux aussi une pause.

Pour le directeur du développement économique de la Ville de Lévis, Philippe Meurant, un centre des congrès était devenu essentiel. Mais parallèlement, la capacité d’hébergement de la Ville était insuffisante. La solution : un complexe intégré, qui compte à la fois le centre des congrès, un hôtel, un restaurant et des espaces de bureaux.

Au départ, Lévis a investi 6 millions $ dans l’aventure. Le reste a été investi par les gouvernements fédéral et provincial ainsi que par le secteur privé. « C’est un complexe évalué à 38 millions $, qui lui-même donne naissance à un quartier, le quartier Miscéo, que nous voulons un quartier de nouvelles générations » , note M. Meurant. Ce développement est quant à lui estimé à 160 millions $, pour un total de près de 200 millions $. En périphérie, d’autres projets vont aussi pousser. Des projets « qui vont faire en sorte que l’investissement de base aura généré 500 millions $ de retombées économiques en termes d’immobilier », remarque M. Meurant. Un véritable effet d’entraînement qui ramène pratiquement à zéro l’investissement de la Ville, puisque ces nouveaux bâtiments rapporteront des revenus fonciers à la Ville, précise M. Meurant. Un « investissement public qui amorce la pompe » , dit-il, en paraphrasant les Anglais (Pump priming public investment).

13h15
Une réunion commence dans les locaux de Desjardins.

Alphonse Desjardins fonde la première caisse populaire le 6 décembre 1900, à Lévis, avec 131 membres. Plus de 5,8 millions de membres et de clients plus tard, le groupe a toujours ses assises dans la même ville. La cité Desjardins regroupe des édifices qui hébergent le siège social de la Fédération des caisses Desjardins du Québec et certaines filiales du Mouvement. Plus de 5800 personnes travaillent pour Desjardins à Lévis (incluant le personnel de la Fédération, des filiales et des caisses), ce qui en fait le plus grand employeur de la ville.

Mais la restructuration du Mouvement, annoncée récemment, touchera-t-elle le nombre de postes à Lévis? « Il est difficile de répondre à cette question si tôt dans le processus », admet le porte-parole de Desjardins, André Chapleau. « Chose certaine, Lévis n’est pas plus ciblée qu’une autre ville où la Fédération ou les filiales ont des bureaux. Rappelons-nous surtout que ce qui a été annoncé n’est pas un programme de rationalisation, mais bien de croissance. Desjardins veut continuer à croître et se donne les moyens de le faire de façon encore plus efficace. Certes, avec le temps, des emplois seront touchés, mais d’autres pourraient être créés. »

Le Mouvement des caisses Desjardins est le groupe financier intégré de nature coopérative le plus important au Canada.

Desjardins Sécurité financière (DSF) est promoteur d’un parc d’affaires de 50 millions $ aux abords de l’autoroute Jean-Lesage à Lévis. Une fois à terme, le parc s’étendra sur un terrain de 1,4 million de pi ca et comportera 12 bâtiments permettant l’aménagement d’environ 143 locaux d’une superficie totale de près de 350 000 pi ca. Ce projet s’inscrit dans la foulée de la stratégie d’investissement immobilier de DSF. Par ailleurs, l’expansion de Desjardins Sécurité financière exigera un agrandissement de ses installations de Lévis. Un projet d’environ 75 millions $ est sur la table à dessin, mais est encore bien loin d’être réalisé, indique M. Chapleau.

15h00
Vladimir Guay, cinq ans, déguste un cornet de crème glacée de chez Chocolats favoris, sur l’avenue Bégin dans le Vieux-Lévis.

Autre grande tendance à Lévis, la revitalisation des quartiers. Quatre d’entre eux ont des organismes de revitalisation bien implantés et qui regroupent à la fois des citoyens et des commerces. Il y a le Vieux-Lévis, avec son côté à la fois touristique et commercial, où l’on trouve de nombreuses activités culturelles et communautaires. Saint-Nicolas a une histoire de plus de 300 ans et se distingue par son caractère agricole. Saint-Romuald se démarque grâce à un quartier historique en bordure du Saint-Laurent, le long du chemin du Fleuve. Et finalement, le petit dernier, Charny, où les traces laissées par l’activité ferroviaire sont encore bien visibles.

Selon Philippe Meurant, directeur du développement économique à la Ville, Lévis est une pionnière au regard de sa politique de revitalisation. La municipalité finance des comités ou des organismes qui s’organisent pour mener à terme des projets de revitalisation, dit-il.

Martin Bergeron est à la tête d’un de ces organismes, la Corporation de développement du Vieux-Lévis. Il explique que ces organismes mettent en valeur l’architecture et le patrimoine, mais planifient aussi des activités avec les citoyens et les commerçants. L’idée est née il y a plus d’une dizaine d’années, alors que les centres commerciaux drainaient vers l’extérieur du centre-ville les achats de ses résidants. « On crée finalement un milieu de vie, une qualité de vie qui est intéressante, autant pour les résidants que pour les travailleurs et les propriétaires des immeubles, les commerçants. »

Depuis l’instauration de la Corporation, il y a eu beaucoup d’investissements, beaucoup d’améliorations qui ont été faites par les propriétaires résidentiels, remarque M. Bergeron. Des aménagements urbains importants (trottoirs, rues, lampadaires) ont aussi eu lieu. Cet été et l’été prochain, des modifications majeures liées au traitement de l’eau entraîneront d’importants travaux pour reconfigurer la côte du Passage (trottoirs, stationnement).

« Dans un premier temps, le travail de la Corporation, c’est la concertation du milieu. Il faut réunir les gens, […] La Ville compte beaucoup sur la Corporation pour aller chercher le pouls du milieu, c’est quoi les attentes des gens. » Et la grande force de la Corporation est, finalement, d’avoir le pouvoir d’influencer les décisions concernant son quartier.

16h30
Certains employés de bureau de Teknion Roy & Breton quittent le boulot, alors que d’autres partiront plus tard : les horaires flexibles sont un des avantages consentis par l’entreprise pour attirer et garder ses travailleurs.

Attirer et retenir la main-d’oeuvre s’avère un enjeu important pour le fabricant d’ameublement de bureau. La Rive-Sud est un milieu où plusieurs manufacturiers se font concurrence et le vieillissement de la population vient accroître la rareté. « La main-d’oeuvre est de plus en plus précieuse » , affirme le président-directeur général, Jacques Alain. L’entreprise se doit donc d’offrir des avantages distinctifs, comme des horaires flexibles et de l’aide financière à ceux qui pratiquent de l’activité physique, note-t-il. « Mes prédécesseurs ont réussi à instaurer un climat de travail exceptionnel où le plaisir est là à tous les jours » , dit-il.

Arrivé au sein de l’entreprise il y a environ un an, M. Alain a constaté que les valeurs de l’entreprise « ne sont pas juste des affiches sur les murs » , qu’elles sont vraiment mises en application. « Il y a des gens qui s’affairent à faire vivre les valeurs de façon régulière. »

Certaines des valeurs sont plus traditionnelles, comme l’excellence, le travail d’équipe, le respect et le dépassement, mais d’autres plus surprenantes, comme le plaisir et le… wow.

Pour le mois du respect, M. Alain explique que, récemment, les patrons ont surpris les employés en les accueillant (à partir de 6h30!) habillés ultra-chic – gants blancs et chapeaux melons. « On les accueillait et on leur souhaitait une bonne journée au travail. »

Pour le wow, M. Alain souligne que l’entreprise avait fait ressortir les talents cachés de certains employés, et avait affiché ces distinctions sur les murs de leur lieu de travail. Le pdg fait aussi valoir que l’entreprise garde ses troupes motivées en leur proposant toujours des défis.

Bien qu’elle se trouve dans la région de la Chaudière-Appalaches où le secteur manufacturier pèse lourd, Lévis a avant tout une économie de services. En fait, 80 % du marché de l’emploi est relié au secteur tertiaire (les finances, les assurances, les soins de santé, le commerce de détail et la restauration), des créneaux où l’on prévoit d’ailleurs de la croissance. Le secteur manufacturier compte environ 13,3 % des emplois à Lévis.

Selon les données les plus récentes disponibles, celles du dernier recensement, la ville compte sur son territoire environ

3600 entreprises – dont quelque 300 entreprises manufacturières – qui emploient 73 000 personnes.

Les nouvelles technologies se creusent tranquillement une place de choix. Alors que 600 personnes travaillent actuellement dans ces domaines de pointe, plus de 200 emplois devraient s’y ajouter. Des projets comme l’Innoparc et la Boîte à sciences participent à la croissance de ce créneau.

Le secteur énergétique n’est pas en reste, notamment grâce à la raffinerie d’Ultramar. Si le projet de port méthanier Rabaska se concrétise, cette vocation sera d’autant plus importante.

Par ailleurs, une cinquantaine d’entreprises d’économie sociale assurent le maintien de plus de 935 emplois à temps plein.

18h30
Un poupon naît à l’Hôtel-Dieu de Lévis. En 2007-2008, 1905 bébés ont vu le jour dans cet hôpital, une augmentation de 9,3 % comparativement à l’année précédente. Une hausse majeure, avait constaté le porte-parole du centre hospitalier affilié universitaire, Jean Bouchard. Pour la même période, l’accroissement de naissances au CHUQ était de l’ordre de 2,6 %, pour un total de 7596. Si la présence de jeunes familles sur le territoire fait gonfler les statistiques sur les naissances, à l’autre bout du spectre, les besoins pour une clientèle vieillissante se font aussi sentir. D’ailleurs, certaines personnes âgées vont choisir de s’installer à Lévis pour être plus près des services de santé, affirme Adèle Charron, conseillère en communication du CSSS du Grand Littoral. La clientèle de Lévis – tous âges confondus – est très bien servie, souligne Mme Charron. La grande force est l’accessibilité des soins, dit-elle, notamment à cause de la forte présence des groupes de médecine familiale.

21h00
Les derniers clients d’un centre commercial quittent leur boutique préférée.

Lévis et ses commerçants travaillent fort pour limiter les fuites commerciales, c’est-à-dire les résidants de la Rive Sud qui traversent les ponts pour aller faire leurs emplettes. « On chiffrait, uniquement pour la partie ouest du territoire à l’aube des années 2000, à près de 300 millions $ annuellement les fuites commerciales dont bénéficiaient les commerces de la Rive Nord » , se rappelle Philippe Meurant, le directeur du développement économique de la Ville de Lévis. Depuis, l’offre a augmenté, notamment avec l’arrivée en 2006 du Mégacentre Rive-Sud, un complexe de près 50 millions $ de 400 000 pi ca, qui héberge une trentaine de commerces. Par ailleurs, les Galeries Chagnon comptent plus de 100 boutiques pour une superficie locative de plus de 200 000 pi ca répartis sur deux étages.

à Lévis, c’est dans le secteur du commerce de détail que l’on trouve le plus grand nombre d’entreprises, soit 31 %, selon les données d’Emploi-Québec.

Le commerce de détail compte pour 11 % des emplois à Lévis.

22h30
Les spectateurs sortent de L’Anglicane. La vie culturelle à Lévis « a explosé depuis la fusion » , constate Nathalie Ouellet, chef du Service des arts et de la culture pour la Ville. Avant, seulement 3 des 10 municipalités fusionnées avaient des ressources consacrées à la culture. Une politique culturelle commune a été refaite, donnant ainsi accès aux services pour tous les artistes du territoire. Les citoyens d’est en ouest ont eux aussi vu leur offre d’activités culturelles (spectacles, cours de toutes sortes) bondir, remarque Mme Ouellet.

Les spectacles musicaux les mercredi courant d’airs, donne-t-elle comme exemple, étaient anciennement dans la ville de Saint-Romuald. Maintenant, on les présente en bordure du fleuve jusque dans le secteur de Lévis. Donc, c’est l’ensemble des citoyens maintenant qui assiste à cette prestation-là. » D’ailleurs, il n’y a pas que les résidants de Lévis qui en profitent : selon les données de la Ville, environ 20 % des spectateurs aux activités estivales viennent de l’extérieur, de Québec ou des régions voisines.


Article de Anne Drolet. Reproduit avec autorisation.

Catégorie(s) : Non classé

À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

0 commentaire sur “Pleins feux sur Lévis – 24 heures d’activité à Lévis

  1. Yves

    un bonjour special de l’Espagne… il manque la categorie. ici plein de soleil 30 degres

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *