Article de Isabelle Mathieu. Le Soleil.
Privée d’une « vraie » date anniversaire, Lévis s’est quand même trouvé une journée pour fêter : le 28 juillet. Mais pour ne pas écorcher les sensibilités des historiens, elle se contentera de l’appeler « journée citoyenne » plutôt que d’en faire une occasion de commémoration.
Contrairement à Québec, qui possède des écrits attestant que Samuel de Champlain a fondé la première ville francophone d’Amérique du Nord le 3 juillet 1608, Lévis ignore à quel moment son « père fondateur », le coureur des bois et colon Guillaume Couture, s’est installé sur son territoire.
On sait qu’au printemps 1647, Guillaume Couture, négociateur de la paix entre les Iroquois et les Français, est en mission en Huronie, dans les Grands Lacs ontariens. Il ne reviendra dans la région de Québec qu’au cours de l’été, précise David Gagné, historien à la Ville de Lévis.
« Comme Guillaume Couture n’a rien écrit de précis sur son arrivée sur le territoire, cela laisse place à toutes les interprétations », note l’historien.
Un flou historique bien embêtant pour les gens de Célébrations Lévis 2011, qui cherchent à déterminer une date précise qui serait considérée, dès l’an prochain et ensuite tous les ans, comme la fête de la ville de Lévis.
Une date vide
Les organisateurs de Célébrations Lévis 2011 ont proposé le 28 juillet, une date vide au calendrier des fêtes, tant du côté de Québec que de Lévis. Cette journée servirait de rampe de lancement à plusieurs événements prévus au mois d’août et de septembre, à Lévis.Comme les citoyens sont pour la grande majorité en vacances à ce moment, ils auront davantage de temps pour fêter, estiment les organisateurs.
Et en plus, à cette date, le soleil est quasiment garanti, disent les organisateurs. « Après vérification, nous avons presque la certitude d’avoir du beau temps puisque depuis les 10 dernières années, le 28 juillet, la température moyenne était de 25,6 ºC et que le niveau des précipitations a une moyenne de 2,6 mm », écrivent-ils dans un document soumis au conseil municipal.
Invité à donner son opinion d’expert, l’historien David Gagné a rendu un avis défavorable sur l’idée de désigner arbitrairement le 28 juillet comme nouvelle date anniversaire de Lévis.
« Lorsqu’on fait une fête de commémoration, ça repose sur des principes comme la véracité historique, plaide M. Gagné. On porterait flanc à la critique si on choisissait de fêter un anniversaire à tel moment pour des motifs touristiques ou météorologiques. »
Si la Ville de Lévis voulait une date vraiment historique pour son anniversaire, elle pouvait choisir le 15 janvier, date de la fondation officielle, en 1636, de la Seigneurie de Lauzon, ou encore le 18 mai, date à laquelle a été créée, en 1861, la charte incorporant la ville de Lévis. Ces deux journées seront quand même soulignées, plus modestement, lors des fêtes de 2011.