Source : Le Soleil
Le gouvernement Charest a confirmé hier qu’il investira 25 millions $ dans un plan de conversion du mazout lourd aux énergies plus vertes, comme le gaz naturel, mais il n’a pas pour autant obtenu des groupes écologistes un feu vert à l’approbation du projet Rabaska.
« Malgré cette politique, l’implantation de ports méthaniers au Québec n’est pas la voie à prioriser et mérite toujours un examen approfondi », ont fait valoir hier les porte-parole de Greenpeace, d’équiterre, et du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement. Ils réclament que le gouvernement confie à la Régie de l’énergie le mandat de fouiller d’importantes questions laissées sans réponse par le BAPE. Parmi ces questions : quels seront les besoins futurs du Québec en gaz naturel et a-t-on besoin de plus d’un terminal, et le cas échant lequel ?
Quant au plan de conversion annoncé hier — et dont Le Soleil avait révélé les grandes lignes la semaine dernière —, ces écologistes y voient « un pas dans la bonne direction ». Mais ils jugent l’objectif de conversion, qui est de 35 %, « trop modeste ». « Ce qu’on demande, c’est l’élimination de l’utilisation du mazout », dit le porte-parole d’équiterre, Steven Guilbeault.
« Québec nous donne l’impression d’annoncer une mesure dans l’objectif de favoriser l’implantation des terminaux méthaniers plutôt que d’annoncer une mesure pour réduire les GES », dénonce de son côté un des porte-parole de la Coalition Québec Vert Kyoto, André Bélisle. Un programme de conversion doit, selon lui, tenir compte « des 12 millions de tonnes de GES induites par la combution du gaz de Rabaska, fois deux avec Cacouna ». Or, le plan de Québec, « au mieux, si tout allait bien », dit-il, pourrait contrebalancer un million de tonnes d’ici 2012. « On est loin de 24 millions. »
M. Bélisle reproche en outre au plan des ministres Claude Béchard (Ressources naturelles) et Line Bauchamp (Environnement), de miser sur le volontarisme des industries et des institutions, sans établir un échéancier au-delà duquel le mazout lourd deviendrait interdit pour la chauffe.
Tant M. Béchard que Mme Beauchamp ont soutenu hier qu’il n’y avait pas de « lien direct » entre cette annonce et le dossier des ports méthaniers. Les émissions des deux ports, affirme M. Béchard, totaliseraient 280 000 tonnes de GES. « On parle ce matin d’un plan de réduction de 1 million de tonnes. »
Le plan prévoit un resserrement de la norme de teneur en soufre du mazout lourd qui aura un impact à la hausse sur les prix et constituera un incitatif à la conversion, plaident les ministres. Québec réservera 25 millions $ à l’accompagnement des entreprises qui opteront pour le gaz ou la biomasse.
La subvention pourra aller jusqu’à 40 $ la tonne de GES évitée. Le gouvernement pense ainsi diminuer de 510 millions de litres la consommation de mazout, soit 10 % des objectifs du plan vert.