Article de Daphnée Dion-Viens. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.
Les audiences publiques et le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) n’ont pas changé la donne : l’appui de la population de la Rive-Sud de Québec au projet Rabaska demeure sensiblement le même qu’il y a deux ans. Selon un sondage UniMarketing-Le Soleil, 56 % des sondés sont pour, alors que 33 % s’y opposent.
Ce coup de sonde a été réalisé les 11 et 12 juillet auprès de 500 personnes réparties proportionnellement entre Lévis, Beaumont et l’île d’Orléans. La marge d’erreur est de 4,4 %.
Un sondage similaire réalisé pour Le Soleil et Radio-Canada en automne 2005 indiquait que 60 % des résidants de Lévis appuyaient le projet, contre 27 % d’opposants.
« Le rapport du BAPE n’a pas changé grand-chose, indique le président d’UniMarketing, Raynald Harvey. C’est difficile de voir ce qui pourrait faire changer les opinions. »
Le 5 juillet, le BAPE et l’Agence canadienne d’évaluation environnementale ont rendu public un rapport favorable à l’implantation d’un port méthanier à Lévis, estimant que le projet comporte des « risques acceptables ».
Par ailleurs, l’appui récolté serait plus fort à Lévis qu’à Beaumont et à l’île d’Orléans, où 46 % des sondés sont contre. Ces résultats doivent toutefois être interprétés avec prudence, puisque la marge d’erreur est plus importante pour ce sous-groupe, prévient M. Harvey.
Les hommes (65 %) et les 25-34 ans (69 %) sont aussi plus nombreux à approuver le projet, tandis que ceux qui ont un diplôme collégial ou universitaire sont plus souvent contre (39 %).
Indécis
Même si ce projet a fait l’objet de nombreux débats sur la place publique au cours des dernières années, il reste encore une personne sur 10 qui ne sait pas trop quoi en penser.Appelés à prendre position sur le projet de terminal méthanier, 11 % des gens contactés n’avaient pas d’opinion ou ont refusé de répondre.
« Mais si on regarde les réponses aux autres questions, on comprend que ce sont des indécis qui ont une tendance favorable au projet », souligne M. Harvey.
En effet, bon nombre d’entre eux estiment tout de même que le gouvernement Charest devrait autoriser le projet : le pourcentage de sondés en faveur d’un décret gouvernemental grimpe à 61 %, alors que la proportion d’opposants reste la même, avec 33 %.
Quant aux raisons qui expliquent l’appui au projet Rabaska, les gens interrogés ont mentionné la création d’emplois (76 %) et les retombées économiques pour la région (71 %).
Dans le camp des opposants, on parle plutôt des impacts négatifs pour l’environnement (71 %) et des risques du côté de la sécurité (59 %).
Seulement 21 % ont évoqué la modification du paysage de la côte de Beaumont pour justifier leur désaccord.
« C’est un peu étonnant puisque c’est un des rares points qui ont été jugés négatifs par le BAPE », rappelle le président d’UniMarketing. Ce dernier indique tout de même que cet aspect peut être inclus dans les impacts environnementaux négatifs, qui constituent la principale raison de s’opposer au projet.
Redoubler d’ardeur
Par ailleurs, 40 % des sondés considèrent que les opposants au projet devraient redoubler d’ardeur plutôt que de baisser les bras. Une réponse « paradoxale », note M. Harvey, qui indique qu’une « proportion significative » de sondés favorables au projet Rabaska considèrent tout de même que les adversaires devraient intensifier leur lutte. « C’est peut-être une façon de dire que leur point de vue est légitime », avance-t-il.La crédibilité du BAPE n’est pas trop écorchée par ce sondage puisque 70 % des personnes interrogées estiment que l’organisme « est capable de juger objectivement de la valeur environnementale des projets qui lui sont proposés ». Ce sont surtout les opposants qui mettent en doute sa crédibilité, dans une proportion de 51 %.
Ottawa aura aussi son mot à dire
Tout comme le gouvernement Charest, Ottawa doit indiquer cet automne s’il donne le feu vert à la construction d’un deuxième port méthanier au Québec.Transports Canada et Pêches et Océans Canada doivent donner leur aval à ce projet évalué à 840 millions $. Comme dans le cas du port méthanier de Gros-Cacouna, les gouvernements fédéral et provincial pourraient rendre leur décision simultanément.
Rabaska devra par la suite répondre aux exigences de l’Office national de l’énergie, où aucun dossier n’a été déposé jusqu’à maintenant. Il s’agira d’une autre étape après l’obtention du décret gouvernemental, a indiqué hier Simon Poitras, porte-parole de Rabaska.