Article de Pierre Duquet. Développements Lévis.
Plusieurs le croyaient voué à une mort certaine, d’autres continuaient d’affirmer qu’il fallait le ramener à la vie. Le chantier naval de Lévis est sauvé et bien qu’il soit propriété étrangère, il va de nouveau créer de l’emploi et générer d’importantes retombées économiques tant à Lévis que dans les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches. Davie Québec, propriété de Davie Yards ASA, est fin prête pour remettre le chantier naval en activité.
Pour parvenir à acquérir une entreprise moribonde de cette envergure, il a fallu effectuer un montage financier fort complexe.Contrairement à ce que les événements ont pu laisser entendre, Taco management n’est pas l’entreprise qui a fait l’acquisition de chantier Davie, mais plutôt celle qui était mandatée pour orchestrer la démarche d’acquisition, précise d’entrée de jeu le président deDavie Québec, Gilles Gagné.
« Davie Québec inc. est l’entité canadienne qui a acheté tous les actifs du chantier naval de Lévis. Et cette dernière est propriété à 100 % de la compagnie Davie Yards ASA, laquelle est en voie de devenir publique lorsqu’elle sera enregistrée à la bourse d’Oslo en Norvège, à la fin juin prochain. Davie Yards ASA est propriété d’investisseurs institutionnels et privés. » L’organigramme ne s’arrête pas là pour autant et comprend plusieurs autres sociétés.
L’étonnant montage de Taco a été réalisé en un court laps de temps, compte tenu des échéances pressantes que l’on sait, et regroupe d’autres entreprises étrangères qui seront déterminantes pour la poursuite des activités de Davie Québec. Précisons seulement que les détenteurs (propriétaires) d’actions de Davie Yards ASA, propriétaire du chantier, ont été invités à échanger leurs actions contre celles d’une autre compagnie nommée Davie AS, laquelle n’est pas publique, mais qui va pouvoir utiliser le chantier pour différentes transactions étant détentrice de 71 % des actions de Davie Yards ASA.
Les deux raisons principales qui ont amené les Norvégiens à vouloir faire l’acquisition du chantier de Lévis, c’est d’abord qu’ils le considéraient et considèrent toujours comme un site pratiquement unique au monde et qu’un marché potentiel existe pour l’exploiter avec profitabilité. On a d’abord considéré le marché des plateformes pour lequel le chantier détenait une bonne expertise, mais c’est finalement celui de la construction de navires servant à la mise en place des installations des champs pétrolifères marins qui présente le plus grand potentiel pour les prochaines années.
Davie Québec détient des contrats pour la construction de deux navires de ce type de quelque 132,8 millions $ chacun. Un programme d’investissement de deux ans destiné à la modernisation de ses installations est déjà en voie d’application et le retour des premiers travailleurs est prévu pour le mois d’août.
Près de 90 % des travailleurs licenciés devraient revenir au chantier
Le rappel des troupes est lancé et Davie Québec se prépare fébrilement à reprendre la production pour livrer deux navires au printemps et à l’été de 2009. On estime qu’en période de pointe, au moins 600 employés seront actifs dans les bureaux et ateliers du chantier naval. Les bateaux à construire seront dotés d’équipements et d’appareillages autant sinon plus complexes que ceux des avions Boeing.Les navires destinés à servir à la mise en place des installations de champ pétrolifère sous-marin sont équipés de grues de 250 tonnes et dotés de systèmes de positionnement dynamique qui leur permettent notamment de se maintenir sur place même dans des conditions climatiques difficiles. Les dimensions de ce type de navire, qui peuvent varier de 125 à 140 mètres, correspondent parfaitement aux installations dont dispose le chantier de Lévis.
Des investissements importants avaient été effectués à la fin des années 90 pour doter le chantier d’une chaîne de production capable de transporter des pièces de 250 tonnes, mais seule une partie de l’appareillage a été installée à l’époque. à l’aube du redémarrage, un programme d’investissement étalé sur deux ans est en voie d’application. « Le programme va permettre soit de remettre à jour certains équipements soit de les améliorer ou d’en augmenter la capacité de production pour être plus compétitif », annonce Gilles Gagné, président de Davie Québec. Les façons de faire seront également modifiées pour permettre un flux
Par ailleurs, on estime pouvoir récupérer près de 90 % des anciens travailleurs. « Nous avions une liste d’ancienneté importante dans plusieurs métiers, explique M. Gagné, et nous avons évalué par métier quels seraient les besoins en main-d’oeuvre et à partir de quand. Les premiers travailleurs vont faire leur entrée vers le 28 juillet prochain et la période de pointe sera atteinte un an plus tard. » Dans la foulée, on a aussi évalué les métiers où il va être difficile de recruter afin d’informer les établissements de formation du territoire des futurs besoins de l’entreprise. Davie Québec va par contre assurer elle-même la formation dans les métiers plus spécifiques à la construction navale.
En ce qui a trait aux retombées économiques tant ventées, elles n’en seront pas moins importantes que par le passé, assure M. Gagné. Les entreprises de la région devraient encore y trouver leur compte. « Les fournisseurs de composantes d’acier seront appelés à sous-traiter, précise-t-il. Toutefois, pour certains équipements, il n’existe plus de fournisseurs en Amérique du Nord, il faudra les acquérir en Europe et en Asie. » Soulignons enfin qu’on espère obtenir les contrats pour deux autres navires semblables à plus ou moins long terme, si Davie Québec les obtient, c’est probablement 1 200 travailleurs qui seront requis pour les construire.
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