Lévis : une voie réservée au milieu de la route

Par | 3 février 2011 |

Article de Annie Morin. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Les voies réservées pour les autobus sur le boulevard de la Rive-Sud et la route du Pont, à Lévis, sont projetées au centre de la chaussée plutôt que sur les côtés afin de ne pas entraver la circulation sur les quatre voies qui demeureront accessibles aux automobilistes. Il s’agit d’une première dans la région de Québec.

Lévis annonçait la semaine dernière la réalisation d’une étude de faisabilité portant sur un « axe structurant » est-ouest destiné au transport en commun. L’ensemble prévoit 16 kilomètres de voies réservées en continu sur le boulevard de la Rive-Sud (route 132) et la route du Pont (116), entre la rue Monseigneur-Bourget et Saint-Nicolas, dès 2016. Le ministère des Transports du Québec investit 1,45 million $ pour cette première étape d’un projet évalué à 260 millions $. Si l’initiative est municipale, les routes appartiennent au provincial.

Le concept de « voies axiales » ou « voies en site propre » privilégié par la Société de transport de Lévis (STLévis) est importé d’Europe et se répand aux états-Unis. Il prévoit un corridor pour le transport en commun au milieu de la chaussée, peu importe qu’il s’agisse d’autobus ou de tramways. Les automobiles et les camions y sont interdits à toute heure du jour puisqu’ils continuent de compter sur deux voies dans chaque direction, mais les véhicules d’urgence peuvent y circuler au besoin. Au Québec, seul le boulevard Pie-IX, à Montréal, fonctionne sous ce mode.

« C’est pensé de façon à ne pas faire attendre ceux qui veulent tourner à droite » et à dégager le passage pour les autobus, explique Michel Patry, conseiller municipal et président de la STLévis. Le virage à gauche, lui, est permis aux intersections où il y a des feux de circulation ou des boucles de demi-tour.

Parce que la priorité du transport en commun sur les voies axiales est davantage respectée, les autobus peuvent rouler plus vite. Résultat : le temps de parcours diminue de 20 à 40 % par rapport aux voies latérales comme celles qui accueillent le Métrobus à Québec.

Cette configuration suppose cependant que les usagers du transport en commun traversent les deux voies destinées aux voitures afin de prendre l’autobus au centre ou retourner à la maison. Des passages piétonniers et des abribus sont prévus pour une traversée et une attente sécuritaires, indique Michel Savard, directeur de la planification et du développement à la STLévis. Celui-ci fait d’ailleurs remarquer que les corridors latéraux obligent les usagers à traverser autant de voies qu’en site propre. « La personne qui est avantagée le matin sera désavantagée le soir », note M. Savard.

L’étude de faisabilité doit calculer le nombre de stations d’échanges qui seront nécessaires pour faire le lien entre la voie rapide et les autobus qui iront désormais chercher et conduire les citoyens dans les différents quartiers. Les premiers plans en prévoient une douzaine tout au long des 16 kilomètres, en plus des arrêts réguliers. Il n’est plus question de mégastationnements incitatifs à la tête des ponts.

L’étude doit aussi établir les besoins en terrains car le boulevard de la Rive-Sud et la route du Pont ne comptent que deux voies dans chaque direction actuellement et ne sont pas d’égale largeur d’un bout à l’autre. « Il n’est pas question pour nous de retirer des voies aux automobilistes. Au con­traire, on veut plutôt profiter des emprises existantes pour élargir le boulevard. Nous, on libère le champ pour les automobilistes et vice versa », insiste Jean-François Carrier, directeur général de la STLévis.

Michel Savard ajoute que la nouvelle artère se moulera aux particularités du territoire pour minimiser les expropriations. Ainsi, le terre-plein central pourrait disparaître dans les portions plus restreintes, tandis que des espaces verts seraient aménagés là où il y a de la place. La Ville de Lévis compte en effet uniformiser et embellir la seule route qui la traverse d’est en ouest et qui a l’air tour à tour d’un parc industriel et d’une artère commerciale de banlieue. «C’est un boulevard où les aménagements urbains restent à faire. […] C’est une belle occasion pour la ville de se refaire une beauté», admet sans peine le conseiller Michel Patry.

Repenser le boulevard
L’harmonisation entre le transport en commun et le développement urbain enthousiasme Christian Savard, président d’Accès transports viables. « Pour bien faire les choses, il faut repenser le boulevard pour donner la priorité au transport en commun, mais aussi à ses alliés que sont les piétons. Il ne faut pas que l’environnement demeure rébarbatif et qu’on crée seulement un tuyau à autobus », dit-il.

M. Savard affirme lui aussi que les voies axiales représentent une avancée pour les usagers car il a été prouvé à maints endroits qu’elles accéléraient le service. Accès transports viables avait d’ailleurs suggéré à la Ville de Québec d’en aménager sur le boulevard Lebourgneuf, qui accueillera sous peu une nouvelle ligne Métrobus, mais l’idée n’a pas été retenue.


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