Article de Marc Saint-Pierre. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.
La pétrolière tentera encore de refiler la facture à la Ville et à Environnement Québec.
De quoi tourner la page d’une saga, c’est d’ici une quinzaine de jours que la décontamination des terrains des Habitations de La Marina, à Lévis, pourrait être entreprise. La Compagnie pétrolière Impériale Ltée est d’ailleurs disposée à entrer sur le terrain à très court terme.
Mais elle n’en poursuivra pas moins ses représentations devant les tribunaux pour faire payer la facture à la Ville de Lévis et au ministère de l’Environnement.
« L’intention de l’Impériale est claire. Nous sommes prêts à commencer rapidement les travaux de réhabilitation des terrains. Mais, avant tout chose, il nous faudra voir l’ordonnance du ministre (Mulcair) à ce propos. Dépendamment du contenu, nous pourrons procéder rapidement », à indiqué le porte-parole de la pétrolière, Pierre Desrochers, hier.
PENDANT 12 MOIS
« Ce que nous avons évalué, c’est que les travaux pourront s’étaler sur 12 mois. La technique que nous voulons mettre en oeuvre implique de tout enlever les sols et de les remplacer par des sols non contaminés », a ajouté le porte-parole, soulignant ne pas être en mesure à ce stade-ci de préciser les volumes que les travaux de réhabilitation impliqueront.Plus tôt cette semaine, le ministre de l’Environnement du Québec, Thomas Mulcair, a affirmé qu’il signera d’ici à quelques jours une ordonnance de décontamination à l’endroit de l’Impériale. Selon son cabinet, elle prendrait la forme d’une lettre dans laquelle il avisera l’entreprise, ces jours-ci, que le ministère est d’accord avec le plan de réhabilitation qu’elle a déposé. Du même souffle, le ministre avait fait état de la mi-mai comme moment vraisemblable du lancement des travaux. Il avait aussi donné à entendre que c’est le principe du pollueur-payeur qui s’appliquera, c’est-à-dire que la facture de restauration des terrains sera à la charge de la pétrolière. Les terrains contaminés dont il est question se situent sur le littoral Lévisien, entre la falaise et la rue Saint-Laurent. L’impériale y a exploité un dépôt pétrolier de 1921 à 1973. Après son départ, le terrain occupé par les réservoirs de carburant est devenu le champ de manoeuvre des développeurs immobiliers, des Habitations de La Marina notamment. Les rues Patton et Baron y ont été tracées, et une vingtaine d’habitations construites.
En 1987 et 1988, à l’époque où ont été construites ces résidences, avec la bénédiction de l’administration municipale, il y eu des travaux de décontamination. Mais l’opération, bien qu’avalisée par le ministère de l’Environnement, a été ratée.
Plus tard, la présence d’hydrocarbures a été reconfirmée. Après un chassé-croisé juridique qui s’est rendu jusqu’en Cour Suprême, l’Impériale a été enjointe de cerner la contamination résiduelle et de préparer un nouveau plan de réhabilitation.
LOURDE FACTURE
De source non confirmée, il est question d’un plan complexe, à cause de la présence des habitations, et de l’enlèvement de 100 000 mètres cubes de terre souillée, soit 10 000 chargements de camion, c’est-à-dire 10 fois plus qu’à l’occasion de la dépollution manquée de la fin des années 80. Une facture oscillant entre 1,5 et 2,5 millions$ a déjà été évoquée par l’Impériale à ce propos. Mais si celle-ci entend obéir illico à une ordonnance ministérielle, elle est plutôt réticente en ce qui concerne le paiement éventuel de la facture.Ses avocats ont en effet demandé au tribunal d’obliger la Ville de Lévis et le Ministère de l’Environnement à payer les frais de caractérisation et de réhabilitation, parce que celle-ci savait à quoi s’en tenir quand elle a donné le feu vert au développement immobilier et que celui-là a été le maître d’oeuvre de la décontamination ratée.
Dans les milieux juridiques, la requête a été perçue comme un appel du pied à la Ville et au ministère pour un partage des coûts.
« La poursuite suivra son cours », à affirmé M. Desrochers.
La Direction régionale de l’Environnement de Chaudière-Appalaches est demeurée muette.