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Le sujet d’un 3e lien n’est pas récent dans la région de Québec. J’avais d’ailleurs amplement évoqué cela lors d’un article en 2016. Voici pour votre plaisir des extraits des débats à l’Assemblée Nationale du 16 mai 1967.
Les députés inclus dans les extraits sont M. Henri BEAUPRÉ (opposition), M. Fernand-Joseph LAFONTAINE (au pouvoir) et M. Gabriel LOUBIER (au pouvoir).
Voici un bref historique pour chacun d’eux.
- Henri BEAUPRÉ : Élu député libéral dans Québec-Centre en 1962. Réélu dans Jean-Talon en 1966. Ne s’est pas représenté en 1970.
- Fernand-Joseph LAFONTAINE : Élu député de l’Union nationale dans Labelle à l’élection partielle du 16 septembre 1959. Réélu en 1960, en 1962, en 1966 et en 1970. Organisateur en chef de l’Union nationale de 1963 à 1970. Ministre des Travaux publics dans le cabinet Johnson du 16 juin 1966 au 31 octobre 1967 et ministre de la Voirie dans les cabinets Johnson et Bertrand du 16 juin 1966 au 12 mai 1970. Défait dans Laurentides-Labelle en 1973.
- Gabriel LOUBIER : Élu député de l’Union nationale dans Bellechasse en 1962. Réélu en 1966 et en 1970. Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche dans les cabinets Johnson et Bertrand du 16 juin 1966 au 12 mai 1970. Ministre responsable du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports de septembre 1967 à 1970. Chef de l’opposition du 6 juillet 1971 au 25 septembre 1973. Le 19 juin 1971, fut élu chef de l’Union nationale, qui porta le nom d’Unité Québec du 25 octobre 1971 au 14 janvier 1973. Défait en 1973. Démissionna de son poste de chef du parti le 30 mars 1974.
Source des débats : Site de l’Assemblée Nationale.
M. Beaupré
M. le Président, la population de la cité de Québec… aimerait que le ministre nous donne une synthèse des travaux qui permettront à Québec de se relier au reste de la province, soit par le pont de Québec, soit par un tunnel et nous fasse un tableau des travaux prévus dans le budget de cette année et qu’on continuera, de ceux qui ont été faits, les délais, etc.
Est-ce qu’on est à date dans la construction du pont de Québec? À quelle date le ministère croit-il l’avoir terminé ? Les voies d’accès et d’approche sont-elles prévues pour telle date également ? Le boulevard Champlain qui rejoindra ce pont sera-t-il prêt tout comme les autres voies d’accès ?
Le tunnel, dont on nous a tant parlé et qui attend une décision du ministère pour prendre le surplus de circulation que le nouveau pont lui-même ne pourra prendre, est-il toujours à l’étude au ministère ?
À la traverse de Lévis, est-ce qu’on travaille à augmenter la capacité des bateaux pour répondre aux besoins de la circulation ? On me répondra peut-être qu’il y a pont, tunnel, bateaux, mais je crois que le ministre pourrait sûrement — c’est le même problème, la circulation, la traversée du fleuve, quoi — le ministre pourrait sûrement nous donner la politique du ministère en regard de toute cette circulation, rive sud-rive nord.
[…]
M. Lafontaine
Je pense bien que le député ne nous en voudra pas de tenter de vouloir résumer le débat le plus succinctement possible, parce que je ne crois pas qu’il serait bon à ce stade-ci de lancer un débat qui n’en finirait plus. Tout simplement, si le député me permet de l’informer d’une façon très objective, je lui dirai que cette année, il y a 14 millions $ de prévu pour la construction du nouveau pont de Québec. Il y a 11,138,000 $ prévus pour l’an prochain et en 1969-70, l’année de finition des travaux, 2,568,000 $. Nous nous attendons à ce que le pont soit livré au commencement de 1970.
[…]
M. Beaupré
M. le Président, la population de Québec, évidemment, a cru de bonne foi que le service de la traverse de Lévis serait amélioré, serait même au besoin doublé. Sa capacité actuelle est très limitée. Le ministre vient de nous dire qu’il n’y a rien de prévu. Est-ce qu’il y a possibilité que le ministère obtienne des crédits pour doubler la capacité des bateaux-passeurs afin de décongestionner à tout le moins la circulation présente entre les deux rives ?
Le ministre nous dit que le nouveau pont va prendre en 1970 la circulation. S’il voyage présentement entre Québec et Lévis, à certains moments, ça peut prendre deux heures et demie, trois heures pour se rendre à Lévis. J’ai vu la circulation bloquée ici sur la Grande-Allée jusqu’au pont de Québec et dépasser le pont de Québec.
Alors, c’est une situation terrible. Je ne crois pas qu’il y ait une seule ville de l’importance de Québec, dans la province, qui soit si mal en point au point de vue de la circulation. Je n’en blâme pas le ministre actuel; je lui demande simplement ce qui peut raisonnablement être fait pour débloquer cette circulation et solutionner ce problème à long terme. C’est-à-dire, à long terme on ne peut pas, mais à court terme, est-ce que la traverse de Lévis — si on lui donnait de nouveaux bateaux, si on construisait une nouvelle jetée pour que les passagers embarquent ou descendent plus rapidement — est-ce qu’on ne pourrait pas, pendant trois ans, aider grandement à ce fichu de pont de Québec qui ne fournit pas ?
Si le ministre en est convaincu, est-ce qu’il n’y a pas moyen d’avoir des subsides, et cela par l’entremise du ministre des Travaux publics qui actuellement s’occupe des ponts ? Je crois que c’est un pont flottant, comme disait le député de Laurier, et ça reviendrait au ministre des Travaux publics de donner ces services que la population attendait de bonne foi pour très prochainement. On a même parlé du 1er mai. Je n’ai pas taquiné ici, je n’ai posé la question qu’une seule fois; mais j’avoue l’avoir prise sérieusement, cette promesse. J’espère encore que le gouvernement prend des mesures, étudie et va bientôt faire quelque chose. C’est une situation intenable pour ceux qui habitent l’autre rive.
[…]
M. Loubier
M. le Président, étant donné que, par les années passées, alors que je siégeais de l’autre côté de la Chambre, je m’étais fait l’écho à maintes reprises des requêtes et des revendications des différentes municipalités, même des différents comtés, et de tout ce secteur socio-économique de la rive sud, de Lévis à la Gaspésie, je crois qu’il est bon aujourd’hui, alors que ce point est soulevé par mon collègue de l’Opposition, de répéter en cette Chambre que le problème est primordial, tant sur le plan social que sur le plan économique.
Si on ne veut pas que Québec, la ville de Québec, devienne un autre Val-Jalbert littéralement, il faudra de toute nécessité, de toute urgence, arriver avec une amélioration sensible des communications entre les deux rives.
C’est urgent, c’était urgent il y a deux, trois, quatre, cinq ans, et à chaque année ça devient encore plus crucial et plus urgent. Il est évident que la construction d’un second pont parallèle à celui qui existe actuellement, qu’on appelle populairement le pont de Québec, qui sera vraisemblablement terminé en 1970, règle, à mon sens, partiellement le problème. Mais ça ne règle pas le problème absolument crucial qui frappe toute la région de Lévis jusqu’au fond de la Gaspésie, et il faudrait que le gouvernement, comme le gouvernement précédent, prenne une décision le plus rapidement possible pour établir un lien permanent, un trait d’union permanent rapide et efficace entre les deux rives.
Qu’on le fasse, comme je le disais, sous forme de tunnel, sous forme de pont entre Beaumont et l’île d’Orléans.
[…]
Or, nous sommes à travailler à ces solutions éventuelles et il est possible qu’une décision soit prise d’ici quelques mois. Mais, entretemps, comme le disait le ministre titulaire des Travaux publics, d’ici quelques années, le deuxième pont sera terminé. Et quand j’entendais dire tout à l’heure que les prévisions étaient pour 1969… On se souvient qu’au départ on avait même parlé qu’il fallait le faire pour l’Expo et ensuite on en est venu à 1969 et là on s’en va à 1970. Or, M. le Président, comme représentant de Bellechasse, d’un comté qui est économiquement très touché par la mauvaise circulation entre les deux rives, il est bien évident que je continuerai, avec mon collègue de Lévis, à faire en sorte que le chemin se fasse le plus rapidement possible, dans l’esprit du gouvernement, pour obtenir cette solution que nous désirons tous.
[…]
M. Beaupré
M. le Président, je ne voudrais pas être accusé de mauvaise volonté, mais le ministre admettra que c’est un problème excessivement important pour la population de cette région. Et il y a un problème que nous n’aurons pas l’occasion de discuter de nouveau, celui du tunnel. Le ministre sait très bien qu’ici je me suis abstenu, ainsi que plusieurs, peut-être, de poser des questions sur ce tunnel et même je crois que je lui en ai posé une. Et il m’a dit: « Lors des crédits, nous en parlerons ».
Voici que, depuis quelques mois et au cours des dernières années, des permis et des droits ont été concédés, tant par Québec que par Lévis pour faire des études et creuser au besoin un tunnel pour relier les deux rives. Une société, la Lennut Corporation, a présenté, semble-t-il, un rapport il y a quelques semaines.
Le ministère est censé en être saisi. Ces études-là doivent mener quelque part. Qui va nous dire et quand va-t-on nous dire où mènent ces rapports que nous recevons ou qui se préparent depuis plusieurs années ?
En particulier ce rapport de la Lennut Corporation en vertu duquel, pour un coût de 130 millions $, il serait possible de relier les deux rives et de ce fait remplacer le pont entre Québec et Lévis, comme nous le voulions, le député de Bellechasse et moi-même. Le ministre peut-il nous dire si cette étude se continue sous son égide ou l’égide de son ministère, soit la Voirie, soit les Travaux publics et si vraiment la population de Québec peut entretenir un certain espoir de voir une liaison centre à centre entre les deux rives ?
En tout cas, ce n’était pas dispendieux à l’époque. Il y en a tellement eu des projets de ponts/tunnels que des fois je me demande si ce n’est pas un bonbon récurent que l’on nous présente afin de voter du bon bord… Et une fois que l’élection est faite, le projet retombe dans l’oubli pour les prochaines décennies.