Vendredi, un éditorial mordant de Julie Lemieux portait sur la crise qui secoue le conseil municipal de Lévis.
La démission des quatre conseillères du Parti des citoyens de Jean Garon n’a rien de bien étonnant. Le maire de Lévis n’a jamais fait dans la dentelle et personne ne pouvait s’attendre à ce qu’il devienne du jour au lendemain un exemple de diplomatie et un rassembleur hors du commun. Pas besoin d’être devin pour savoir que M.Garon a un style particulier, basé sur une vieille conception de la politique qui favorise la confrontation et l’intimidation au détriment du dialogue et de la collaboration.
Difficile dans cette histoire de savoir qui dit vrai et qui dit faux, de déterminer si la démission des conseillères a été provoquée exclusivement par l’attitude du maire, ou si ce geste d’éclat a plutôt été guidé par l’ambition politique de ces élues en prévision des prochaines élections. Il y a fort à parier qu’il s’agit d’un mélange des deux. Mais, chose certaine, les conseillères connaissaient le personnage avant de se lancer à ses côtés en politique. Et il serait donc étonnant qu’elles n’aient pas réalisé plus tôt que M.Garon n’est pas très doué pour le travail d’équipe et le respect de son prochain.
Quels sont les motifs réels de la décision des conseillères, ces défections tombent bien mal pour la Ville de Lévis, qui doit elle aussi faire face à la menace défusionniste. Les élus ont attendu deux ans et demie avant d’exprimer leur mécontentement. Pourquoi ne pas avoir étiré l’élastique quelques semaines de plus, question d’éviter de mélanger les cartes et de donner l’impression que rien ne vas plus dans la ville nouvelle ? Les conseillères ont peut-être toutes les raisons au monde d’en vouloir à Jean Garon. Mais en claquant la porte en pleine période référendaire, elles n’ont pas pensé très longtemps aux intérêts de leur municipalité et ont donné des arguments aux défusionnistes.
Ces bouleversements donnent tout de même l’occasion de réfléchir sur le style de gestion qui devrait être utilisé au sein des conseils municipaux du Québec. Si les villes ont changé au fil des années, certains maires continuent de leur côté à diriger leur municipalité comme par le passé, en muselant leur collèges, en refusant le choc des idées. Pourtant, les conseils municipaux doivent aussi évoluer, miser sur la concertation et le dialogue, permettre de meilleurs échanges afin de faire face aux difficultés. Il est peut-être trop tard pour changer la façon de faire des vieux loups de la politique, mais il faut espérer que la relève saura mieux relever ce défi.