Article de Marc Saint-Pierre. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.
Seul le chantier serait en mesure de construire au Canada les navires de ravitaillement dont entend bientôt s’équiper le gouvernement fédéral, estime le conseiller municipal lévisien Gilles Lehouillier. « Pour 2006, il est question de trois navires de ravitaillement, de contrats qui se chiffreraient à 1,5 ou 2 milliards$, de 1 500 emplois pendant trois ans », a noté le conseiller, à l’occasion d’un entretien accordé au Soleil, hier.
« Mis à part Davie, aucun chantier canadien n’est en mesure d’exécuter ce contrat. Avec le scénario de fermeture qu’il y a dans l’air, est-ce que cela voudrait dire que ce contrat des navires de ravitaillement s’en irait à l’étranger ? Avant que ce scénario soit joué, il est clair qu’il faudra un débat de fond », a-t-il ajouté. Le conseiller Lehouillier s’est toujours fait le défenseur du chantier de Lévis, ne serait-ce que parce que celui-ci est situé dans son quartier. Il a été longtemps le porte-parole du Comité action MIL Davie, groupe qui est monté au créneau à plusieurs reprises dans les années 90 quand la survie du chantier a été compromise.
Dernier grand chantier naval au Canada, Davie a toujours été sauvé in extremis par la conclusion de gros contrats, celui de la plate-forme de forage Spirit of Columbus notamment. Le fleuve Saint-Laurent lui a aussi amené des poires pour la soif, c’est-à-dire des navires victimes d’échouage ou d’avaries qu’il a fallu réparer. Pour l’heure, il ne passe pas grand-chose au chantier en faillite. C’est à peine une quarantaine de travailleurs qui passent les grilles quotidiennement, pour construire les bulbes de sonar des navires de guerre de George W. Bush, une activité qui perdure depuis des années.
Un scénario prématuré
Mais de l’avis du conseiller lévisien, le scénario de fermeture évoqué par le syndic qui administre le chantier arrive « un peu vite ». « je suis loin d’être convaincu que c’est la fin du chantier. Il y a le projet des navires de ravitaillement canadien, mais il y a aussi le fait que le chantier Davie demeure le seul équipement existant dans la voie maritime du Saint-Laurent-Grands-Lacs pour les réparations des navires de gros tonnage. Je m’interroge sur le signal qui est lancé de faire disparaître la dernière grande cale sèche du système de navigation. Il faudrait s’en départir et voir le trafic maritime détourné vers les ports de l’est américain ? C’est clair qu’il faut en débattre », a observé le conseiller.Plus tôt cette semaine, le syndic du chantier, Patrice Van Houtte, a indiqué qu’il envisage de raser le chantier et d’en revendre les terrains à des fins résidentielles, une fois qu’ils auront été dépollués. Comme élu, le conseiller Lehouillier est président du comité de démolition de l’arrondissement Desjardins, où se situe justement le chantier de Lévis.