Article de Marc Saint-Pierre. Le Soleil.
Un terminal méthanier doit être construit dans un endroit éloigné ou à l’écart d’agglomérations urbaines ou de banlieues, indique une étude des ministères fédéraux des Transports et de l’Environnement.
Cette étude réalisée en 2003 a été distribuée aux élus lévisiens, à l’occasion de la séance du conseil municipal, par le président du GIRAM (Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu), Gaston Cadrin, hier soir.
Cette suggestion de construire les ports méthaniers loin de lieux habités est comprise dans une liste de 24 mesures pour atténuer les risques en cas de pépin. Il est également suggéré de « faire passer les navires transportant des cargaisons dangereuses loin des routes maritimes principales et des principaux points de convergence pour réduire les rapprochements dangereux ».
Les experts des ministères recommandent d’amarrer la proue au large des navires de façon à ce qu’ils puissent quitter rapidement le port s’il y a urgence. D’autres éléments compris dans l’étude, reprenant des éléments du rapport du BAPE ayant trait au projet d’un terminal qui n’a pas vu le jour à Cacouna en 1981, font état des risques associés au gaz naturel liquide (GNL). « Le GNL peut détruire tout tissu vivant avec lequel il fait contact. Le GNL, à l’état vapeur, est un asphyxiant. Lorsqu’il entre en contact avec l’eau, des explosions sans flammes peuvent en résulter. Le nuage de vapeur produit par le GNL est très inflammable et, lorsqu’une partie de ce nuage prend feu, le feu peut se propager alors sur toute l’étendue du nuage jusqu’à la source du gaz », indique les spécialistes des ministères.
Pour un déversement de 28 000 mètres cubes, selon une hypothèse mathématique étudiée à Cacouna, le rayon de danger se situerait à 7,6 km. « Ce sont des fonctionnaires qui ont rédigé cette étude. Ils ne peuvent en l’espèce être taxés d’alarmistes », a noté M. Cadrin, pour qui le port méthanier de Gaz Métro est pas mal plus dangereux qu’Ultramar.
Craintes
L’étude exhibée par le président du GIRAM va dans le même sens des craintes exprimées par les Beaumontois de Rabat-Joie et les lévisiens de l’est du territoire. Ces lévisiens de l’est, très présents aux scéances publiques du conseil, font la vie moins impossible à leurs élus que leurs voisins de Beaumont, mais leur propos exprime la même inquiétude.Une résidante de l’est, Isabelle Carrier, a d’ailleurs manifesté cette inquiétude une fois de plus, en tentant de savoir à quelle enseigne entend loger l’administration de M. Garon quant au projet de Gaz Métro. Jusqu’à présent, huit conseillers lévisiens sont contre le projet, mais il reste à l’équipe M. Garon et y compris celui-ci à se brancher.
Le propos du maire suppléant, André Hamel, président de l’assemblée en l’absence du maire, a donné une bonne idée de l’état d’esprit animant ses collègues, notant qu’il fera valoir son opinion quand il aura pu disposer de toutes les informations dont l’étude des deux ministères fédéraux est partie, a-t-il précisé. Mais le conseiller indépendant Jean-Claude Bouchard a estimé que l’idée du maire Garon est d’ores et déjà faite. « M. Garon a toujours été un promoteur de gros projets. Sa vision des choses, c’est : ‘Amenez-moi un projet que je puisse couper un ruban’ », a canonné M. Bouchard sans appel.
Et il n’y a pas que les questions de sécurité qui plaident contre le projet, mais aussi tout le cadre patrimonial et environnemental, a noté Michel Lessard, autre porte-parole du GIRAM, pour qui le choix de Gaz Métro est incompréhensible. Pour lui, il est clair que c’est le développement de l’est lévisien qui est compromis, là où est entre autres prévu le maintient de grands espaces verts. Parce que s’il se réalise, le projet sera suivi par une inévitable quincaillerie qui bousillera tout, estime M. Lessard. «