Article de Isabelle Mathieu. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.
Une bonne et une mauvaise nouvelles dans la récente étude géotechnique sur le quartier des Constellations de Saint-Jean-Chrysostome : la bonne, les maisons des deux tiers du territoire ne s’enfoncent pas dans le sol argileux. La mauvaise, environ 20 % des résidences peuvent toujours être victimes de tassements importants.
L’ingénieur-géologue George Forest de la firme Aecom, mandatée par la Ville de Lévis, a expliqué que les 18 forages supplémentaires et toutes les nouvelles analyses ont permis de brosser un portrait plus précis et moins catastrophique que celui révélé par la première étude, rendue publique en juin.
Selon l’ingénieur, environ 58 % du quartier des Constellations, soit sa moitié sud, n’aurait pas de risque de tassement supérieur à la limite établie par le Code du bâtiment, soit entre 0 et 25 mm.
Ce sont les citoyens habitant dans la portion nord du quartier qui vivent les tassements de sol les plus importants. La majorité d’entre eux (25 %) peuvent voir leur maison s’enfoncer entre 25 et 100 mm et un plus petit groupe, qui occupe environ 17 % du territoire, fait face à des tassements inquiétants allant de 100 à 200 mm.
Environ 300 maisons ont poussé dans ce secteur de Saint-Jean-Chrysostome entre 2002 et cette année. Près de 75 maisons ont subi différents dommages, comme des fissures, et plusieurs ont dû être mises sur pieux. « Après cinq ans, la majorité des tassements sont terminés, affirme M. Forest. C’est vraiment dans les premières années après la construction que ça se passe. »
Les problèmes de tassement de sol dans le quartier des Constellations sont liés à la présence d’une masse argileuse qui n’a jamais été durcie. «Dès qu’on lui met quelque chose sur la tête [comme une maison], elle part en compression plus rapidement qu’une argile qui a déjà été comprimée», a expliqué George Forest.
La première de trois soirées de consultation s’est passée dans un climat relativement calme hier soir à l’hôtel de ville de Lévis, les citoyens convoqués vivant dans la portion du quartier la moins à risque de tassement.
Mairesse rassurante
La mairesse Danielle Roy Marinelli a voulu se faire rassurante. «Presque la moitié du secteur n’a pas et n’aura pas de problème, plaidait-elle. Il faut arrêter de dire que le quartier s’enfonce. Vos maisons ne sont pas dévaluées.»Faux, ont rétorqué plusieurs citoyens courroucés. «Est-ce qu’on a un problème avec nos maisons? Oui, il n’est pas physique, il est financier, lance Réjean Proulx, de la rue du Phénix. Alors ne vous enlevez pas de la tête qu’on a un problème avec nos maisons.»
à quelques jours du dépôt du budget, les citoyens du quartier des Constellations étaient nombreux à réclamer une baisse de taxes pour leur secteur malmené.
La Ville de Lévis ne fera rien de tel, affirme la mairesse Roy Marinelli. «Mais on encourage tous ceux qui ont eu des dommages à contacter notre service d’évaluation pour faire réviser l’évaluation de leur maison», indique-t-elle.
Le chef du service d’évaluation, Jacques Laroche, a affirmé, tableau à l’appui, que le prix des maisons vendues entre 2008 et septembre 2010 dans le quartier des Constellations s’était maintenu, malgré la médiatisation des problèmes de sol.
Mais le nombre de transactions a, lui, beaucoup chuté, passant de 31 ventes de maison en 2008 à 16 en 2009 et à seulement 7 en 2010.
Karina Vachon, enseignante au primaire, a acheté sa maison en septembre 2008 sur la rue de Céphée, sans connaître le contexte. «Même si on est tombé en amour avec le quartier, là, on se demande si on va mettre la pancarte « à vendre », confiait-elle hier soir. Si je mets une pancarte « à vendre », je n’aurai pas le prix que j’ai payé parce que le quartier des Constellations est perçu comme un quartier à problème.»
De l’aide pour… certains
La Ville de Lévis a élaboré un plan d’intervention pour le quartier des Constellations et compte aider les citoyens. Tous? En fait, ceux qui s’abstiendront de poursuivre la municipalité. La Ville pourrait par exemple donner un coup de pouce financier aux citoyens qui voudraient faire réaliser une étude géotechnique sur leur propre terrain afin de faciliter la vente de leur maison. «Mais les gens vont devoir choisir, affirmait hier Danielle Roy Marinelli. C’est sûr qu’on ne donnera pas un plan d’intervention à quelqu’un qui est dans le recours collectif.» La demande de recours collectif déposée par le regroupement de citoyens sera étudiée par la cour en février.