Article de Érick Labbé. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.
La Ville de Lévis a présenté hier son projet de centre de compostage et s’attendait à rencontrer des objections liées aux odeurs. Ce sont bien des citoyens inquiets qui se sont présentés à la rencontre d’information, mais pour tout sauf des questions d’odeurs.
Le camionnage, les déversements d’eaux contaminées, la perte de valeur des maisons et des chalets situés à proximité, la capacité d’écouler le compost accumulé. Telles étaient les préoccupations des citoyens de Saint-étienne-de-Lauzon et de Saint-Lambert qui se sont présentés au micro hier, lors de cette assemblée d’information à laquelle avaient été invités seulement les gens demeurant dans un rayon de 2 km du futur centre de compostage.
Celui-ci sera situé tout juste à l’ouest du terrain d’enfouissement de Saint-Lambert, du côté de Saint-étienne, a révélé le chef du Service de gestion des matières résiduelles de Lévis, Christian Paré. Sur une superficie de quatre hectares, il pourra accueillir 20 000 tonnes de matières compostables composées de résidus verts et de résidus de cuisine.
L’emplacement a été choisi pour sa proximité du terrain d’enfouissement et pour le fait qu’il se trouvait à plus d’un kilomètre des habitations, a spécifié M. Paré, qui a par ailleurs été forcé de défendre le choix de l’emplacement devant un citoyen, Gilbert Morin, qui accusait la Ville de n’avoir pas analysé d’autres possibilités.
Une consultante de la firme Solinov engagée par Lévis, Françoise Forcier, est venue expliquer qu’on utilisera un procédé de compostage par andains, c’est-à-dire par longs entassements en forme de trapèze qui seront retournés régulièrement pour favoriser la décomposition des matières. Un procédé qui assure un compost de qualité et qui génère peu d’odeurs, a indiqué Mme Forcier. La Ville doit d’ailleurs se doter d’un mécanisme de gestion des odeurs et d’un plan d’attaque en cas de problème. Un comité de vigilance sera mis sur pied.
Les eaux de ruissellement seront recueillies et traitées à l’usine Desjardins. Plusieurs citoyens se sont inquiétés des possibles débordements en cas de pluie abondante, mais M. Paré a assuré que des bassins de rétention seront conçus en conséquence.
Camionnage
Benoît Blanchet, résidant de la route Saint-André, a dit craindre pour l’augmentation du camionnage sur la route « déjà saturée de camions ». Il n’a pas été rassuré par M. Paré, qui a affirmé que la nouvelle installation occasionnerait 20 allers-retours additionnels par jour, parfois plus à l’automne.« Aurez-vous assez de demande en compost pour vider le site ? » a relancé M. Blanchet. La Ville le croit et prévoit s’en servir dans ses propres parcs et espaces verts et en écouler une grande partie auprès de ses citoyens et aussi auprès des agriculteurs, lui a-t-on répondu.
Clément Lamontagne s’est quant à lui inquiété de la perte de valeur de sa propriété, une résidence temporaire située à 100 mètres du futur centre. Puisque le terrain d’enfouissement est là depuis 20 ans, la valeur des résidences ne sera pas touchée par l’ajout d’un lieu de compostage à proximité, a soutenu Christian Paré.
Il en coûtera entre 8 et 10 millions $ pour bâtir l’infrastructure, mais la Ville espère obtenir des subventions du ministère de l’Environnement à hauteur de 40 % du coût du projet. Pour le moment, les terrains convoités sont réservés par la Ville, qui a deux ans pour procéder à des expropriations si nécessaire. Le centre devrait entrer en opération en 2013.