Le Journal de Québec, sous la plume de Valérie Bidégaré, mentionnait il y a quelques jours que la présence d’une faille de 100 pieds de profond dans le fleuve Saint-Laurent rend la construction d’un tunnel reliant Québec et Lévis irréalisable d’un point de vue « mécanique et monétaire » selon un spécialiste (non mentionné) qui a déjà collaboré aux études par le passé.
Cet article a fait réagir l’ingénieur Jacques Huot, un ingénieur ayant travaillé sur de grands projets au Québec et à l’étranger qui a pris la peine de contacter Lévis Urbain.ca pour nuancer les choses sur le sujet.
Selon lui, un tunnel Québec-Lévis est non seulement réalisable du point de vue mécanique mais également réalisable du point de vue monétaire. Pour M. Huot, le rapport LENNUT cité par le spécialiste de Journal de Québec, un rapport des années 1960 réalisé par le ministère de la Voirie, n’est plus adéquat parce que les recherches et données ont évoluées énormément par rapport à l’époque 1955-1960.
Selon lui, des concepteurs internationaux peuvent concevoir un tunnel pour une activité sismique de 9 sur l’échelle de Richter. De plus, il mentionne qu’il y a actuellement des versions de TBM (Tunnel Boring Machine ou tunnelier) utilisées depuis 1993-1994 aptes à forer dans des zones de failles en toute sécurité.
M. Huot s’amuse de l’affirmation qu’à cause de la présence de la fameuse faille que la pente du tunnel serait tellement abrupte que les entrées et sorties du tunnel seraient à Charlesbourg sur la rive nord et à Pintendre sur la rive Sud.
Pour étayer ses dires sur la faisabilité du tunnel sous-fluvial, M. Huot mentionne quatre projets majeurs.
Le grand tunnel sous la manche, long de 50.5 Km, a été réalisé dans une zone sismique équivalente à la nôtre. Ces 6 tunnels ont été percés avec 3 modèles différents de tunneliers. C’est une compagnie de Californie qui a repris le projet pour le gérer après un manque de fond publique. Cette compagnie a porté ce projet à terme avec succès malgré de sérieux problèmes d’échéanciers et sans compter sur les relations entre les anglais et les français.
Le percement d’un tunnel d’un diamètre de 17.5 mètres actuellement en cours à Seattle pour la construction d’une autoroute est aussi exécuté dans un secteur de matériaux plutôt mou avec des déchets de toutes sortes et remblayages discutables du début du 20e siècle. Rappelons que Seattle et Vancouver sont construits dans une zone sismique plus élevée que la nôtre (niveau 6 selon notre Code national du bâtiment).
Le Japon a complété en 1994 un tunnel construit dans une zone sismique ayant un diamètre plus gros que pour notre besoin pour un tunnel Québec-Lévis.
Il y a actuellement à Kuala Lumpur un projet en cours de quelque 50 Km de long dans une zone sismique et surtout entouré de matériaux sous-fluviaux similaires aux nôtres.