Source : Journal de Lévis
Une deuxième option est désormais sur la table pour les membres de la Coopérative du marché public de Lévis alors qu’ils se sont vus offrir l’opportunité de s’installer en permanence dans le rez-de-chaussée commercial des Condos Miscéo.
En effet, le Groupe AMT s’est porté acquéreur, le 16 août dernier, du rez-de-chaussée commercial en question. Voyant que le marché public permanent tardait à se concrétiser, ce dernier a donc eu l’idée d’intégrer la coopérative dans ses nouveaux locaux.
Or, les gens du marché discutent depuis un bon moment d’un projet avec Immostar comme promoteur. Cette version prévoit la construction d’une bâtisse de quatre étages, pour un coût estimé entre 5 à 7 M$. Le premier niveau doit être réservé aux producteurs locaux pendant que les trois autres paliers seront transformés en espaces commerciaux à louer. Le tout doit être construit sur un terrain de la rue J.B. Michaud [situé à un jet de pierre des Condos Miscéo], acquit par la Ville de Lévis et qui doit normalement être cédé à Immostar.
Rien pour aider à faire avancer le projet, des rumeurs ont circulé pendant l’été à l’effet que le Groupe AMT projetait d’installer des halles alimentaires dans ses locaux du quartier Miscéo, ce qui risquait d’entrer en compétition directe avec le marché permanent.
Devant l’incapacité d’obtenir l’heure juste, les deux groupes ont convenu de se rencontrer la semaine dernière.
« Les deux promoteurs conviennent de l’importance de mettre un marché public à Lévis. On considère le marché public comme la priorité numéro un. Et si un lève le projet, l’autre n’ira pas nuire en installant un halle alimentaire », a expliqué le directeur du marketing chez Immostar, Paul Poisson, qui agit également comme consultant pour la coopérative dans ce dossier.
Même son de cloche du côté du directeur, développement et affaires juridiques chez Groupe AMT, Jérôme Jolicoeur, qui assure ne pas voir Immostar comme un compétiteur.
« Que ce soit nous, Immostar ou un autre, on veut juste que le marché public lève le plus vite possible. Ça va attirer les gens dans le secteur, ça va en faire une destination. On n’est pas en compétition féroce, au contraire, on travaille ensemble », soutient-il.
Établir les besoins
En ce sens, le Groupe AMT doit faire une offre dans les prochains jours à la coopérative. Ensuite, ce sera aux membres de voter pour la meilleure option.
Il reste que M. Jolicoeur convient que son groupe devra faire preuve de créativité afin de concurrencer un projet bâti sur mesure pour un marché public permanent comme celui d’Immostar.
« Le projet est très avancé de leur côté. Ils sont venus nous voir pour évaluer une autre option. Mais à première vue, c’est peut-être plus compliqué qu’on pensait. C’est surtout une question d’espace. On va leur revenir la semaine prochaine [cette semaine] », a-t-il admis.
De son côté, la présidente du conseil d’administration de la coopérative de solidarité, Lynda Bouchard, voit d’un bon Å“il l’arrivée de ce nouveau joueur.
« Ils [les deux promoteurs] s’entendent sur une affaire et ils veulent les deux un marché public dans Miscéo », s’est-elle réjouie.
D’autant plus que si l’offre du Groupe AMT est satisfaisante, elle croît qu’une ouverture au printemps prochain est toujours envisageable.
La Ville espérait un « deal »
Elle avoue d’un même souffle que l’inauguration du projet sera inévitablement retardée si la construction d’une nouvelle bâtisse par Immostar demeure la solution envisagée.
Par ailleurs, une source bien au fait du dossier qui a requis l’anonymat affirme que les derniers reports de l’adoption du dossier au conseil municipal sont en partie dus au fait que la Ville espérait investir moins d’argent si une entente entre la coop et le Groupe AMT pouvait être conclue.
« La Ville espérait un « deal » », soutient la source.
N’en déplaise à la municipalité, il serait surprenant que cette économie d’argent se concrétise puisque le Groupe AMT a l’intention de demander un appui semblable à ce qui est prévu dans le montage financier d’Immostar.
Le montant de l’aide qui est discutée avec la Ville n’a pas été précisé, mais selon les informations du Journal, il est notamment prévu que la coopérative profite d’un bail emphytéotique d’une durée de 20 ou 25 ans.
Un dossier qui traîne en longueur
Malgré le fait que la Ville se soit commise devant différents bailleurs de fonds, le moment où le conseil municipal doit voter en faveur de la résolution est sans cesse retardé.
« Ça fait trois mois qu’on nous dit que ça doit être adopté au prochain conseil et c’est toujours remis à la dernière minute », déplore M. Poisson.
Quant à Mme Bouchard elle souligne que trois années se sont déjà écoulées depuis qu’elle tente de faire naître son bébé.
Au départ, le mois de juin 2012 avait été identifié comme objectif d’ouverture, puis cette date avait été reportée au printemps 2013 et de toute évidence, il faudra un miracle pour que l’inauguration puisse être effectuée avant la saison estivale 2014.
« La Ville a décidé qu’elle voulait un marché public. Elle a décidé que ce serait dans le quartier Miscéo. Maintenant, il est temps qu’elle assume ses décisions et qu’elle passe la résolution qui est prête depuis quatre mois. […] C’est un projet qui n’a soulevé aucune controverse. Lorsque c’est rendu qu’un projet non controversé prend plus de trois ans à se réaliser, je pense qu’un moment donné, il faut finir », s’est insurgé M. Poisson.
À cet effet, la municipalité se fait avare de commentaires dans ce dossier. Le directeur de la Direction du développement à la Ville de Lévis, Philippe Meurant, a refusé de parler au représentant du Journal à ce sujet. Tout au plus a-t-il laissé savoir un peu plus tôt cet été par l’entremise du directeur des communications, Christian Brière, que le dossier est plus complexe qu’il ne paraît. Il a par la même occasion répété que Lévis souhaite que le projet se réalise.
Au niveau politique, l’attaché de presse de la mairesse Danielle Roy Marinelli, Alain Vézina, a indiqué que les conseillers municipaux étaient « en attente de différentes questions posées aux fonctionnaires lors de la dernière présentation. Ce dossier comporte plusieurs éléments et des précisions étaient nécessaires au dire des élus ».
Pour Mme Bouchard, l’attente commence à se faire sentir auprès de la dizaine de producteurs qui ont déjà payé leur part sociale à hauteur de 10 000$ à 15 000$ pour être membre de la coopérative de solidarité.
« Ça fait trois ans que le monde a mis de l’argent en fiducie et que ça ne leur rapporte rien », fait-elle valoir.