Article et photo de Marilyne Lavoie. Le Journal de Lévis.
Les Compagnons de la Ferme Lemelin ont lancé un cri d’alarme à la population, afin de sauver le terrain et la ferme ancestrale, qui seront remplacés bientôt par un développement résidentiel. « Les gens pensent que la ferme est sauvée, mais la ferme pourrait être rasée par un promoteur immobilier dès le mois prochain. On sort la hache de guerre ! », a indiqué d’emblée le président des Compagnons de la Ferme Lemelin, Florian Lambert, lors d’un point de presse tenu le 11 juillet.
Le promoteur en question, Léandre Demers, a d’ailleurs confirmé le tout : « ça fait deux ou trois ans que les Compagnons travaillent sur ce dossier, et là, ils changent leur fusil d’épaule. Ce qui est enclenché en ce moment, c’est accepté à 99.99%. Mon dossier à moi doit avancer, ça fait trois ans que je suis propriétaire et deux ans que le projet est retardé », a-t-il commenté.
« Nous avons empêché la démolition de la maison à deux reprises, nous avons même acheté un 10% supplémentaire de terrain, pour avoir un parc qui représente 20% de la superficie globale de la terre. Nous avions décidé avec le comité de démolition de la Ville de Lévis, le promoteur et les Compagnons de garder un espace parc au nord du terrain et d’y déplacer la maison et le hangar. En janvier 2007, tout le monde était d’accord. La ville a posé des gestes administratifs clairs depuis longtemps, et les Compagnons savaient qu’ils devaient s’incorporer et assurer le financement du projet », a expliqué Jean-Pierre Bazinet, président de l’arrondissement des Chutes-de-la-Chaudière Est.
En effet, l’organisme doit trouver 75% du financement, soit 225 000$ d’ici un an, pour réaliser le projet, chose que la Ville leur a annoncé en juin 2007. « La Ville nous a indiqué de nouvelles conditions, soit d’amasser beaucoup d’argent dans un délai très court. On nous propose des conditions sur lesquelles la négociation n’a pas été facile, nous n’avions aucune marge de manoeuvre : clôturer et tout démolir, ou garde un petit parc avec la maison », a mentionné Benoît Lafrance, vice-président de l’organisme. « L’objectif de cette mesure est que, quand les rénovations vont commencer, nous voulons que ça se complète. Nous ne voulons pas que ce soit quelque chose qui s’échelonnera sur dix ans ou qui sera fait à moitié sur un terrain de la Ville. Nous leur avons aussi offert de les accompagner dans la réalisation de leur plan d’affaires et leur avons dit dès le départ que c’était leur projet. Nous leur avons dit : « Si vous acceptez cette proposition, nous allons ensuite signer un protocole d’entente », chose qu’ils ont refusé le 9 juillet dernier », a justifié M. Bazinet.
Un éco-quartier
Les Compagnons ont présenté un plan d’aménagement pour les 226 000 pieds carrés du terrains de la Ferme Lemelin. « Nous proposons un éco-quartier, axé sur le développement durable. Si nous n’avons qu’un petit parc et la maison, nous n’embarquons pas dans ce projet-là! On dit non à la proposition de la Ville, mais oui au projet immobilier à caractère écologique. Ce plan démontre que le développement durable immobilier et la sauvegarde du patrimoine naturel et architectural peuvent aller de pair! », a expliqué M. Lambert.« À force de discuter avec les citoyens et le promoteur, nous avons constaté que ce dernier est en droit. Il est sur son terrain et son projet est conforme », a précisé M. Bazinet. Concernant le plan de développement du site proposé par les Compagnons, M. Bazinet a mentionné que le projet est fort noble et intéressant, mais a répété à plusieurs occasions que la Ville n’est pas propriétaire du terrain et des immeubles. « Nous leur avons conseillé d’aller voir le promoteur avec ce projet, une Ville ne peut pas imposer un projet à un propriétaire sur son propre terrain. »
« Leurs plans sont beaux et sont bien faits, mais le projet est-il réaliste et surtout, à quels coûts? C’est beaucoup d’ouvrage et ça prend des sous. La Ville n’investira pas 500 000$ dans ce projet-là. Ces gens-là pensent que cette terre-là appartient à la Ville de Lévis, mais la Ville a juste la portion pour le parc », de répondre M. Demers.
Un parc enclavé
Finalement, les opposants considèrent que le développement résidentiel qui verra le jour cet automne est une atteinte à l’intégrité historique, patrimoniale et agricole du secteur. Les citoyens impliqués dans ce dossier ont rappelé le besoin criant d’un parc pour la population du secteur. Ils invitent donc les citoyens à s’unir pour sauver la Ferme Lemelin en visitant le site www.florianlambert.com/cfl.htm et en faisant entendre leur voix auprès de la Ville de Lévis.