Article de Marc Saint-Pierre. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.
Cette fois, les élus lévisiens, y compris le maire Jean Garon, ont indiqué en noir sur blanc à quelle enseigne ils logent en ce qui concerne Rabaska.
À 13 contre 3, ils se sont déclarés en faveur du projet de port méthanier, à l’occasion d’une séance du conseil ponctuée des applaudissements et des huées du publics, hier soir.
Les 13 ont effectivement convenu que la Ville de Lévis se déclare « favorable à l’implantation du terminal méthanier et du gazoduc, considérant que la réalisation du projet est conditionnelle à l’obtention d’approbations de nombreuses instances gouvernementales, notamment en regard de la sécurité et de l’impact environnemental des installations ».
Du même souffle, ces même 13 élus se sont dits d’accord pour entreprendre les démarches requises « pour la conclusion d’u protocole d’entente avec la Société en commandite Rabaska représenté par son commandité Rabaska inc. relatif à ses engagements envers la municipalité et ses citoyens ».
Seuls le conseiller Jean-Claude Bouchard, représentant de l’est de Lévis, les conseillères Lise Brochu-Asselin, de Desjardins, et Béatrice Demers, de Chaudière-Ouest ont voté contre ces engagements.
En octobre dernier, en l’absence du maire, le conseil avait voté à 12 voix contre 3 en faveur d’une résolution s’opposant à l’implantation du terminal dans l’est de Lévis.
Hier soir, en début de séance, comme à l’habitude, la période de questions allouée au public a été l’occasion pour des Lévisiens de l’est et d’autres opposants de tirer quelques salves contre le grand projet et les conseillers qui le soutiennent. Notamment, le président du groupe d’initiatives et de recherche appliquées au milieu (GIRAM), Gaston Cadrin, qui a demandé aux élus s’ils étaient conscients qu’ils allaient passer à l’histoire de la même façon que ceux de Saint-David, qui naguère ont déroulé le tapis rouge pour Ultramar.
« Québec a le Chteau Frontenac, le grand Thétre, l’université. Lévis a Alex Coutre, Ultramar et il y aura Rabaska. Il ne manque plus que le dépotoir régional », a quant à lui résumé un Lévisien d’ge mur, Lucien Leclerc.
D’autres interventions, soutenues par des membres de la FTQ-Construction omniprésents, sont plutôt allées en faveur de Rabaska, de quoi produire à l’occasion un mélange de huées et d’ovations.
Mais les coups les plus vifs ont été échangés entre les élus eux-m^mes, le conseiller Jean-Claude Bouchard estimant que la résolution marque « scénario de début de dictature ». Scénario favorisé, dans son esprit, par l’attitude de « petits singes savants » de certains élus obéissant au maire qui, selon lui, a manoeuvré en douce pour amener une résolution alors qu’un consensus réalisé en séance privée n’était pas celui-là. Un consensus selon lequel une résolution des élus n’était pas requise à ce stade-ci.
Et pour lui, ce texte de résolution est clair. « à compter de maintenant, Rabaska pourra dire : l’acceptabilité sociale, je l’ai », a-t-il résumé.
Membre de l’équipe du maire, le conseiller et membre de l’exécutif André Hamel, n’a pas été d’accord avec son collègue Bouchard sur son interprétation, exprimant l’avis qu’un consensus qui aurait pu rallier tous les élus n’a jamais été atteint.
« Même si je fais partie de l’exécutif, je ne me considère pas le singe de M. Garon », a indiqué M. Hamel, très calme.
La résolution d’appui à Rabaska enterre l’idée d’un référendum un temps pistonnée par le maire Garon, qui voyait là l’opportunité d’instaurer une méthode pour vérifier le niveau d’acceptation sociale des grands projets énergétiques québécois.
De l’avis du conseiller, et chef de démocratie Lévis, Gilles Lehouillier, le contenu de la résolution d’appui s’ajuste parfaitement à la question référendaire qui aurait été posée aux Lévisiens. C’est-à-dire, dans son esprit, que les élus ont effectivement répondu à la question.
Pour Rabaska, qui en est à plancher sur ces études d’impact, la prochaine étape incontournable sera celle de la défense de son projet devant le BAPE et l’agence canadienne d’évaluation environnementale.