St-Lambert-de-Lauzon veut se joindre à Lévis

Par | 8 avril 2010 |

Article de Isabelle Mathieu. Le Soleil.

Dix ans après avoir refusé la demande en mariage, Saint-Lambert-de-Lauzon flirte avec la Ville de Lévis et rêve maintenant d’y être fusionnée.

Le Soleil a appris que la mairesse de Lévis, Danielle Roy Marinelli, et le maire de Saint-Lambert-de-Lauzon, François Barret, se rencontreront bientôt pour parler de la faisabilité d’une fusion.

Interrogée lors de la séance du conseil municipal de Lévis mardi soir, la mairesse Danielle Roy Marinelli s’est montrée tout à fait intéressée à étudier la question. « On a une volonté pour un début de discussion, assure la mairesse. Je suis ouverte à ça, c’est sûr. Ça mérite d’être analysé. »

Petite municipalité de 6000 habitants, qui a toujours un statut légal de paroisse, Saint-Lambert-de-Lauzon est située à une quinzaine de kilomètres au sud de Saint-étienne, qui fait, elle, partie de Lévis.

Nichée sur les deux rives de la rivière Chaudière, entourée de terres agricoles et forestières, Saint-Lambert vit un petit boum de développement, avec ses 190 maisons qui se construiront près de l’autoroute 73 d’ici l’an prochain. La cigogne dépose une centaine de bébés chaque année dans la municipalité, et déjà la petite école primaire du Bac est bien remplie.

François Barret, maire depuis 2005, ne voit pas l’avenir de sa municipalité en Nouvelle-Beauce, son port d’attache depuis 2002, mais avec la Ville de Lévis. « Naturellement, nos gens vont vers Lévis et Québec pour leur travail, leurs commissions, décrit M. Barret. Leur appartenance est beaucoup plus vers Lévis que vers la Beauce, surtout pour ceux qui sont arrivés récemment », ajoute celui qui a vécu 25 ans à Sainte-Marie.

Une question d’harmonie
Le maire Barret le dit d’emblée : les citoyens de Saint-Lambert ne verront pas leurs taxes et impôts fonciers baisser en devenant lévisiens. « Mais je pense que le secteur Saint-Lambert se développerait mieux, de façon plus harmonieuse au point de vue économique et industriel avec la ville de Lévis, croit M. Barret. Et dans l’ensemble d’une grosse ville, on aura de meilleurs services de loisirs. »

Saint-Lambert-de-Lauzon a déjà beaucoup d’atomes crochus avec Lévis, plaide François Barret. L’énorme site d’enfouissement des déchets est situé sur le territoire de Saint-Lambert-de-Lauzon ainsi que les bureaux de la Régie intermunicipale de gestion des déchets de Chaudière-Ouest. Lévis et Saint-Lambert partagent le même plan de gestion des matières résiduelles.

L’école primaire du Bac de Saint-Lambert est rattachée à la commission scolaire des Navigateurs, située à Lévis, et non à celle de Beauce-Etchemin.

Pas les mêmes intérêts
Saint-Lambert a intérêt à se développer avec Lévis plutôt qu’avec la Nouvelle-Beauce, estime François Barret, car cette MRC n’a pas les mêmes buts.

Saint-Lambert tire ses revenus à 80 % des taxes résidentielles et seulement pour une petite portion du secteur industriel et commercial. « On est une ville-dortoir, la campagne près de la ville, et je ne vois pas l’heure où notre secteur industriel va se développer », tranche M. Barret.

En tant que deuxième municipalité d’importance dans la MRC, Saint-Lambert-de-Lauzon verse 400 000 $ par année à l’organisation régionale. « Notre quote-part est très importante alors qu’on n’est pas dans leur plan de gestion de matières résiduelles, on n’utilise pas les services d’urbanisme et pas beaucoup les services de développement économique », déplore le maire Barret.

Sainte-Marie, ville centre de la MRC de La Nouvelle-Beauce, « c’est des Beaucerons, et ils n’ont jamais vraiment intégré Saint-Lambert », croit François Barret.

« Je ne blâme pas Sainte-Marie de vouloir se développer, c’est tout à fait normal, nuance-t-il. Mais ça se fait au détriment des petits. La Nouvelle-Beauce se sert de nous comme vache à lait. »

Le maire de Saint-Lambert-de-Lauzon se dit convaincu qu’il faudra bientôt une réorganisation municipale majeure dans les régions. « Je ne vois aucun avenir dans la structure actuelle des petites municipalités, dit-il. La répartition fiscale est inéquitable, et la croissance économique ne passe pas par là. »

Le préfet de la MRC de La Nouvelle-Beauce et maire de Saint-Elzéar, Richard Lehoux, se disait surpris hier de voir que 10 ans plus tard, Saint-Lambert voudrait quitter le giron de la MRC. « On essaye d’être le plus facilitant pour eux, assure M. Lehoux. J’avais plutôt senti qu’on cheminait vers une meilleure entente. »

Le préfet Lehoux se promet bien de discuter avec le maire Barret pour voir si des modifications pourraient satisfaire Saint-Lambert. « Mais on ne les retiendra pas de force, dit-il. C’est comme dans un couple, il faut que les deux veuillent. »


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

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