Article de Annie Morin. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.
Deux stations d’épuration municipales sont en mesure de traiter les eaux usées générées par l’industrie du gaz de schiste dans la région de Québec, celles de Lévis et de Montmagny. Dans la province, elles sont seulement 11 à pouvoir le faire.
« Ça veut dire que s’il y avait des forages sur la rive nord de Québec, les eaux usées ne peuvent aller qu’à Lévis », s’inquiète Jean Gosselin, porte-parole du comité Gare au gazoduc, qui lutte contre le projet Rabaska.
C’est M. Gosselin qui a attiré l’attention des médias sur cette liste confectionnée par la direction générale des infrastructures du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT) et fournie au Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui tient des consultations sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste au Québec.
Sur la liste ne figure aucun nom, mais de simples lettres. Pour connaître l’identité des municipalités désignées par les lettres A à K répondant aux critères de Québec, il faut en effet recouper leur profil avec la liste de toutes les stations d’épuration de la province.
Selon des documents déposés par l’Association pétrolière et gazière du Québec au BAPE, plus d’un millier de camions-citernes circuleraient sur un terrain avec puits unique lors des phases d’exploration et de complétion, dont plus de la moitié pour les seules opérations de fracturation. La construction de pipelines ferait toutefois baisser considérablement le nombre de camions sur les routes.
Voyant venir la vague, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a déjà informé ses membres « qu’ils ont le droit d’obtenir de l’industrie une analyse neutre des rejets des eaux utilisées pour la fracturation du schiste. Si cette information n’est pas à la hauteur de leur satisfaction et qu’une incertitude demeure quant à la protection de la santé du public, les municipalités peuvent appliquer le principe de précaution accepté et encadré par la Cour suprême du Canada et refuser de traiter les eaux usées ».
Libres de traiter ou non
Au MAMROT, la porte-parole émilie Lord confirme que les municipalités sont libres de traiter ou non les rejets de l’industrie gazière et qu’il n’est pas question pour Québec de leur forcer la main.Les critères utilisés pour identifier les stations d’épuration adéquates vont du type de traitement (physico-chimique ou étangs aérés) au débit journalier en passant par le respect de la réglementation actuelle. Inspiré par l’état de la Pennsylvanie, le MAMROT limite également le traitement des eaux usées de l’industrie à 1 % de la capacité des installations municipales de façon à ne pas les détourner de leur premier usage.
Dans la grande région de Québec, seules les municipalités de Lévis (station Desjardins) et de Montmagny se qualifient.
Ailleurs dans la province, Shawinigan, Grand-Mère, Trois-Rivières, Sorel-Tracy, Nicolet, East-Angus, Chambly, Huntingdon et Montréal (station Jean-R.-Marcotte) pourraient accommoder l’industrie gazière. La capacité de traitement serait de 31 000 mètres cubes d’eaux usées par jour. Si le traitement physico-chimique privilégié par l’usine de Montréal s’avérait inadéquat, la capacité tomberait toutefois à moins de 3000 mètres cubes par jour, soit l’équivalent d’environ 100 camions-citernes.